« Le veto russe paralyse l’ONU »
Alors que la situation humanitaire en Syrie, notamment à Alep, se détériore d’heure en heure, Chloé Maurel, docteure en histoire et auteure de Histoire des idées des Nations unies (éd. L’Harmatan), décrypte l’impuissance de l’ONU à résoudre la crise. Pourquoi l’ONU est-elle impuissante à agir face à la crise syrienne ? L’ONU est complètement paralysée par le droit de veto de la Russie, l’un de ses cinq membres permanents. Depuis le début du conflit syrien, la Russie y a eu recours à six reprises. Mais ce n’est pas nouveau. Depuis la création de l’ONU, en 1945, le droit de veto a été utilisé 265 fois. L’organisation a été toute aussi impuissante lors du génocide au Rwanda en 1994 ou du massacre de Srebrenica (Bosnie-Herzégovine) en 1995. Une réforme de cet outil a-t-elle déjà été envisagée ? L’ancien secrétaire général Kofi Annan avait proposé que le droit de veto soit « suspendu » dès lors que l’on constate des crimes de masse et qu’il faut agir en urgence. Mais cela n’est pas passé au vote. La Turquie a obtenu la mise en place d’un couloir d’évacuation à Alep. Plus efficace et rapide que l’ONU... Mais l’objectif de l’ONU reste d’établir une paix durable, non pas une paix au coup par coup comme le permet ce genre d’initiative unilatérale. António Gutteres, tout nouveau secrétaire général, peut-il modifier les choses en profondeur ? Il en a exprimé le souhait et on ne peut que l’encourager dans cette voie. Avec son expertise sur l’Afrique, la France aura d’ailleurs un rôle à jouer.