Les pollués se rebiffent
Des victimes du pic de pollution portent plainte contre l’Etat
Après le plus long épisode de pollution aux particules fines qu’ait connu l’Ile-de-France, une dizaine de personnes ayant été hospitalisées ou obligées de consulter un médecin pour des troubles respiratoires vont engager une action au civil contre l’Etat. Soutenue par les associations Respire et Ecologie sans frontière (ESF), leur action vise à obtenir une indemnisation pour les troubles qui leur ont été causés, selon elle, par une « carence fautive de l’Etat ». « Les plaignants sont soit des adultes qui ont dû aller aux urgences pour des problèmes respiratoires, soit des parents dont les enfants ont subi une grave crise d’asthme ou une bronchiolite. Ils vivent pour la plupart à proximité de grands axes de circulation », a expliqué leur avocat, François Lafforgue, lors d’une conférence de presse. Les associations ont recueilli leurs témoignages puis les ont soutenus pour porter leur cas devant les tribunaux : « C’est une révolte des victimes », a expliqué Nadir Saifi, porte-parole d’ESF. Selon l’Agence de santé publique, la pollution atmosphérique serait responsable de 48000 décès, dont plus de 10 200 en Ile-de-France. Lors du dernier pic de pollution, les urgences pédiatriques de Paris ont constaté une augmentation de 35 % des consultations par rapport à la même période l’année dernière, chiffre l’Assistance publique hôpitaux de Paris (APHP). Les enfants des familles plaignantes ont ainsi connu « des épisodes assez violents » d’asthme ou de bronchiolite. « Ils suivent maintenant un traitement assez lourd », indique leur avocat.
Des mesures pas appliquées
Pour les défendre, il plaidera l’inadaptation des mesures prises par l’Etat lors de ce pic de pollution : « Des arrêtés ministériels contiennent toute une batterie de mesures qui n’ont pas été appliquées : elles concernent les installations industrielles, la circulation des poids lourds et des véhicules les plus polluants ou le trafic aérien », détaille François Lafforgue. L’Etat serait également, selon l’avocat, attaquable sur le non-respect du Code de l’environnement, qui stipule que chacun a le droit de vivre « dans un environnement sain ».