20 Minutes

La Mairie déloge le racisme

Des testings vont être organisés dans les agences

- Fabrice Pouliquen

«Nationalit­é française obligatoir­e, pas de Noir, immeuble avec des policiers uniquement. » Cette fiche technique d’un appartemen­t en location de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), rédigée par l’agence Laforêt Immobilier des Lilas (Seine-Saint-Denis) avait fait grand bruit après avoir été partagée sur Twitter fin novembre. Depuis, le Défenseur des droits a ouvert une enquête, l’associatio­n antiracist­e La Maison des potes a porté plainte, et, vendredi, le groupe Laforêt a exclu l’agence des Lilas de son réseau.

« Bon nombre de victimes baissent les bras et ne portent pas plainte. » Samuel Thomas, La Maison des potes

Cette fiche technique raciste a été un électrocho­c à la Mairie de Paris. Ian Brossat, adjoint d’Anne Hidalgo chargé du logement, et Hélène Bidard, adjointe chargée de la lutte contre les discrimina­tions, ont réuni lundi les représenta­nts des principale­s fédération­s immobilièr­es (Fnaim, Foncia, L’Adresse, Laforêt…) pour mettre en place une charte « zéro discrimina­tion ». Elle tient sur une page. Les signataire­s s’engagent à renforcer leur action, via notamment « la mise en place de formations » ou encore « la nomination de référents à la non-discrimina­tion ». Rien de bien neuf, en réalité. « C’est stipulé dans les contrats de travail : la discrimina­tion est une faute profession­nelle, indique François Davy, le président de Foncia. Nous avons un logiciel qui détecte des mots sensibles et alerte le rédacteur d’une annonce. » Ian Brossat et Hélène Bidard veulent aussi instaurer des testings dans les prochains mois. Gilles Ricour de Bourgies, président adjoint de la Fnaim Grand Paris, proteste déjà. « Je ne nie pas ce problème des discrimina­tions dans l’accès au logement. Mais ces approches piégeuses sont malsaines. Elles entraînent des confusions en laissant croire à des personnes qu’elles sont victimes de discrimina­tion alors qu’elles ne le sont pas. » En 2015, le Défenseur des droits a été saisi à 145 reprises pour des discrimina­tions liées au logement sur toute la France. « Ce n’est que la face émergée. Dans les faits, bon nombre de victimes baissent les bras et ne portent pas plainte. Ils savent que ça ne sert à rien, observe Samuel Thomas, délégué général de La Maison des potes. Il faut obtenir des condamnati­ons en justice contre ceux qui discrimine­nt : agences immobilièr­es ou propriétai­res. Elles sont trop rares aujourd’hui. Soit les procureurs n’ouvrent pas d’enquête, soit ils le font avec un an de retard. »

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Une fiche technique pour un logement demandait « pas de Noir ».

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