20 Minutes

La « terreur » entre quatre murs

Deux détenues radicalisé­es ont été condamnées, jeudi, après plusieurs menaces de mort

- Florence Floux

«Un climat de haine et de peur » à la nurserie de Fleury-Mérogis. Nadia A. et Vanessa C., deux détenues radicalisé­es, comparaiss­aient, jeudi, devant le tribunal correction­nel d’Evry (Essonne). Elles étaient accusées d’avoir menacé de mort d’autres détenues et des surveillan­tes, instaurant une atmosphère « de terreur » dans l’espace réservé au sein de la maison d’arrêt aux femmes enceintes et aux jeunes mères. La lecture des témoignage­s de deux codétenues, à charge, s’est révélée particuliè­rement triviale : « Elle va voir comment je vais lui arracher sa tête avec mes dents », « Fais le deuil de ta famille », « Je vais faire assassiner tes enfants, sale pute »... A la barre, les deux prévenues n’ont cessé de crier leur innocence : « Ce n’est pas mon vocabulair­e », « l’islam ne permet pas de parler comme ça »… Et de traiter les témoins de menteurs : « Mme X est très forte pour simuler », « Excusez-moi, mais c’est une ancienne toxico, je n’accorde aucun crédit à des gens comme ça. »

Théorie du complot

Vanessa C., visage grave, regard vide et bras croisés, n’a desserré les lèvres qu’à de rares reprises, pour démentir toutes les accusation­s portées contre elle. Notamment l’agression d’une de ses codétenues, enceinte de six mois, alors qu’elle tenait elle-même son bébé dans ses bras. La jeune femme, qui se trouve toujours en détention, a, depuis, été placée en confinemen­t. Nadia A., visage émacié, queue de cheval, n’a de son côté cessé de parler, y compris durant l’énoncé des faits de la présidente ou le réquisitoi­re de la procureure. Si bien que cette dernière a fini par s’emporter : « J’aimerais bien qu’elle se taise une bonne fois pour toutes quand je parle ! » La détenue, dont le bébé a été placé, s’est montrée très agitée, expliquant qu’elle était victime d’un véritable complot de la part du directeur. Théorie soutenue par son avocat, qui a qualifié le dossier de « château de sable fabriqué de toutes pièces ». Le conseil de Vanessa C. avait choisi la même ligne de conduite, dénonçant un « procès d’hypocrites », « dont les jeux sont faits à l’avance » en raison du contexte terroriste. D’après lui, les détenues, qui se trouvent en détention préventive pour des accusation­s de recrutemen­t djihadiste, sont présumées coupables. « Je vous demande du courage », a-t-il imploré avant de solliciter la relaxe de Vanessa C., comme l’avait réclamé auparavant l’avocat de Nadia A. Un voeu que le tribunal n’a pas suivi, condamnant les deux jeunes femmes à sept mois d’emprisonne­ment chacune.

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A Fleury, femmes enceintes et jeunes mères ont accès à un espace réservé.

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