La « terreur » entre quatre murs
Deux détenues radicalisées ont été condamnées, jeudi, après plusieurs menaces de mort
«Un climat de haine et de peur » à la nurserie de Fleury-Mérogis. Nadia A. et Vanessa C., deux détenues radicalisées, comparaissaient, jeudi, devant le tribunal correctionnel d’Evry (Essonne). Elles étaient accusées d’avoir menacé de mort d’autres détenues et des surveillantes, instaurant une atmosphère « de terreur » dans l’espace réservé au sein de la maison d’arrêt aux femmes enceintes et aux jeunes mères. La lecture des témoignages de deux codétenues, à charge, s’est révélée particulièrement triviale : « Elle va voir comment je vais lui arracher sa tête avec mes dents », « Fais le deuil de ta famille », « Je vais faire assassiner tes enfants, sale pute »... A la barre, les deux prévenues n’ont cessé de crier leur innocence : « Ce n’est pas mon vocabulaire », « l’islam ne permet pas de parler comme ça »… Et de traiter les témoins de menteurs : « Mme X est très forte pour simuler », « Excusez-moi, mais c’est une ancienne toxico, je n’accorde aucun crédit à des gens comme ça. »
Théorie du complot
Vanessa C., visage grave, regard vide et bras croisés, n’a desserré les lèvres qu’à de rares reprises, pour démentir toutes les accusations portées contre elle. Notamment l’agression d’une de ses codétenues, enceinte de six mois, alors qu’elle tenait elle-même son bébé dans ses bras. La jeune femme, qui se trouve toujours en détention, a, depuis, été placée en confinement. Nadia A., visage émacié, queue de cheval, n’a de son côté cessé de parler, y compris durant l’énoncé des faits de la présidente ou le réquisitoire de la procureure. Si bien que cette dernière a fini par s’emporter : « J’aimerais bien qu’elle se taise une bonne fois pour toutes quand je parle ! » La détenue, dont le bébé a été placé, s’est montrée très agitée, expliquant qu’elle était victime d’un véritable complot de la part du directeur. Théorie soutenue par son avocat, qui a qualifié le dossier de « château de sable fabriqué de toutes pièces ». Le conseil de Vanessa C. avait choisi la même ligne de conduite, dénonçant un « procès d’hypocrites », « dont les jeux sont faits à l’avance » en raison du contexte terroriste. D’après lui, les détenues, qui se trouvent en détention préventive pour des accusations de recrutement djihadiste, sont présumées coupables. « Je vous demande du courage », a-t-il imploré avant de solliciter la relaxe de Vanessa C., comme l’avait réclamé auparavant l’avocat de Nadia A. Un voeu que le tribunal n’a pas suivi, condamnant les deux jeunes femmes à sept mois d’emprisonnement chacune.