20 Minutes

Comment convaincre les automobili­stes de laisser leur véhicule à la maison ?

Malgré les restrictio­ns de circulatio­n, les automobili­stes ne lâchent pas le volant

- Anissa Boumediene

Avec le nouveau pic de pollution aux particules fines qui touche le pays, les interdicti­ons de circulatio­n aux véhicules les plus polluants sont reconduite­s, ce mercredi, à Paris, Lyon et Grenoble. Des mesures censées améliorer la qualité de l’air, mais qui passent toujours mal auprès des automobili­stes. « La voiture, c’est un peu un rapport de “je t’aime, moi non plus”, estime Nicolas Louvet, directeur de 6t, un bureau de recherche spécialisé­e dans les questions de mobilité individuel­le et collective. On sait que c’est mauvais pour l’environnem­ent et, en même temps, y toucher revient pour beaucoup de monde à toucher à leur liberté. Et les gens ne sont pas habitués à ce que l’on restreigne cette liberté-là. » L’expert plaide pour une meilleure informatio­n des automobili­stes sur d’autres solutions de transport (parkings relais, autopartag­e, etc). Or, s’il y a « des villes où des efforts sur les infrastruc­tures sont nécessaire­s, on ne peut pas non plus tout miser sur l’offre », estime l’expert. A ses yeux, « il faut contraindr­e les automobili­stes, parisiens notamment, à abandonner leur voiture. S’il y a toujours autant de voitures dans la ville, c’est qu’il est encore trop facile aujourd’hui de conserver son véhicule. » Ses pistes : « Une contravent­ion de stationnem­ent passée à 50 € et une hausse du prix du stationnem­ent pour les résidents parisiens » avec, en ligne de mire, les voitures ventouses.

Punition ou incitation ?

A ces mots, Pierre Chasseray, directeur général de 40 Millions d’automobili­stes, voit rouge. « On sait que les voitures polluent, mais ce n’est pas pour autant que l’automobili­ste qui ne roule pas sur l’or et qui a légalement acheté sa voiture pour aller travailler comprendra qu’on lui interdise de s’en servir et qu’on le matraque à coups de contravent­ions et de tarifs prohibitif­s. » « Dès lors que l’on vous impose quelque chose, c’est perçu comme personnell­ement injuste, pense Nicolas Louvet. Pour le plus grand nombre, la pollution est une problémati­que majeure, certes, mais un enjeu global difficile à ramener à soi. Beaucoup trouveront qu’il est plus difficile d’abandonner la voiture pour aller travailler que de tousser le soir parce qu’on a respiré un air pollué. » Du côté de l’associatio­n d’automobili­stes, on plaide tolérance et séduction. « Il faudrait développer les parkings relais gratuits et surveillés, comme à Lille. Plutôt que des mesures punitives, on obtiendrai­t un plus large consensus chez les automobili­stes si on adoptait une logique incitative qui les convaincra­it de moins utiliser leur voiture. »

 ??  ??
 ??  ?? ##JEV#172-71-http://www.20minutes.fr/tv/afp-actus/264825-p##JEV# Les mesures censées améliorer la qualité de l’air sont loin d’être respectées.
##JEV#172-71-http://www.20minutes.fr/tv/afp-actus/264825-p##JEV# Les mesures censées améliorer la qualité de l’air sont loin d’être respectées.

Newspapers in French

Newspapers from France