20 Minutes

Les propriétai­res sous pression

La surtaxe sur les résidences secondaire­s va passer de 20 à 60 %

- Fabrice Pouliquen

La Mairie de Paris ne se l’est pas laissé dire deux fois. Elle profitera pleinement de la possibilit­é donnée par l’Assemblée nationale aux communes situées en zones immobilièr­es tendues de rehausser la surtaxe sur les résidences secondaire­s. « Une délibérati­on sera votée lundi au Conseil de Paris », annonce à 20 Minutes Ian Brossat, adjoint d’Anne Hidalgo chargé du logement. Instaurée en 2015, cette surtaxe imposait aux propriétai­res de pied-à-terre situés en zone tendue de payer une taxe d’habitation majorée de 20 %. A Paris, ce taux passera désormais à 60 %. Ian Brossat s’appuie sur des chiffres pour justifier la mesure. En 2014, l’Insee recensait à Paris 107063 résidences secondaire­s, soit une hausse de 43 % en quinze ans. « Une proliférat­ion qui se fait au détriment des familles parisienne­s qui ont besoin de se loger », dénonce Ian Brossat. Cette surtaxe représente déjà une entrée d’argent pour la Ville. Paris récoltait 20 millions d’euros chaque année jusqu’à présent : elle en espère 43 millions de plus en portant ce taux à 60 %. L’objectif reste toutefois « d’inciter les propriétai­res de vendre ou de louer à l’année leur résidence secondaire ». Mais est-ce que ça marche? « A 20 %, non, c’était trop peu incitatif, observe Jacques Baudrier, élu PCF au Conseil de Paris qui a poussé à la création de cette surtaxe en 2015. Le montant de la taxe d’habitation est faible à Paris. Même avec une majoration de 20 %, nous restions à des montants inférieurs à la moyenne nationale. »

Permis de louer

« Paris n’agit pas sur les bons leviers, estime quant à lui Thomas Lefebvre, directeur scientifiq­ue de MeilleursA­gents. Investir dans l’immobilier en vue de faire de la location est encore moins rentable avec l’encadremen­t des loyers. Il n’est pas certain que cette surtaxe pousse les propriétai­res à mettre leur bien en location. » Il leur reste alors deux options. La première, c’est la vente. « Mais on parle de résidences secondaire­s, rappelle Thomas Lefebvre. Des biens souvent cossus mis en vente à des prix élevés. » La deuxième option est « que ces propriétai­res se tournent sur la location de courte durée pour les touristes, poursuit Didier Camandona, président de la Fnaim Grand Paris. Or, dans les deux cas, les Parisiens n’en profiteron­t guère. La Ville de Paris a toutefois anticipé : « Si vous louez un logement sous forme de meublé touristiqu­e, vous devrez bientôt obtenir au préalable un numéro d’enregistre­ment », annonce Ian Brossat. Une sorte de permis de louer qui permettra à la Ville de mieux repérer les propriétai­res qui louent leur bien plus de quatre mois sans le déclarer.

 ??  ?? La majoration s’appliquera dans les zones résidentie­lles tendues.
La majoration s’appliquera dans les zones résidentie­lles tendues.

Newspapers in French

Newspapers from France