20 Minutes

« Ratisser un max de déchets »

Le skipper lance le projet de construire un énorme éboueur des mers

- Propos recueillis par Fabrice Pouliquen Yvan Bourgnon est en conférence, ce mercredi soir, à la Maison des Océans (Paris 5e).

Yvan Bourgnon s’est lancé un défi, celui de dépolluer les océans. Pour ce faire, le navigateur compte mettre à flot, en 2021, le

Manta, un énorme multicoque capable de ramasser des tonnes de déchets. Comment passe-t-on de la course au large à un projet écologique comme The Sea Cleaners ? Comme on l’a vu lors du Vendée Globe, les skippers heurtent régulièrem­ent des Ofni [objets flottants non identifiés]. En 2013, lors de mon tour du monde sur catamaran non habitable, j’étais au plus près de l’eau et, ces déchets, je les ai vus. Forcément, cela interpelle. Manta fera 60 m de long pour 49 m de large. Pourquoi fallait-il un bateau aussi grand ? Monter ce projet avec des bateaux existants entraînait trop de compromis pour peu de résultats. Il nous fallait imaginer un bateau sur mesure, donc le plus grand possible, pour ratisser, avec nos herses, un maximum de déchets. Nous devrions être capables de ramasser 100 tonnes de déchets plastique avant de devoir faire route vers un port pour les décharger. En quoi Manta sera-t-il le plus efficace pour dépolluer les océans ? Une autre solution est celle du Néerlandai­s Boyan Slat. Son projet, Ocean Cleanup, consiste à installer une barrière flottante pour collecter les déchets plastique. C’est très intéressan­t, mais cela ne marche que près des littoraux, lorsqu’il y a peu de fond et du courant, et non pas au large, comme ce que nous envisageon­s. Quelles sont les prochaines étapes de votre projet ? Nous allons d’abord lancer une à deux expédition­s par an dans les zones contaminée­s pour récupérer des informatio­ns sur le type de plastique que l’on y trouve, leur densité… Nous devons aussi mettre au point les collecteur­s de déchets, les fameuses herses, avant de les tester. Fin 2016, vous avez collecté 151 585 € sur Kiss Kiss Bank Bank. Un bon début ? Cette campagne de crowdfundi­ng était un moyen de voir si les gens adhéraient au projet. Nous n’avons pas été déçus. Mais il nous reste encore beaucoup de fonds à collecter. Nous partons sur un budget global de 15 à 20 millions d’euros. C’est cher, mais ce bateau fonctionne­ra sur trente à quarante ans. Et le plastique ramassé en mer intéresse recycleurs et industriel­s. Ce sera une source de revenus pour Sea Cleaners. Combien de Manta voulez-vous ? La Guadeloupe a dépensé 11 millions d’euros en 2015 pour nettoyer ses plages. C’est quasiment le prix du bateau. Si, à terme, on pouvait déployer une centaine de Manta sur les zones les plus contaminée­s, nous serions très efficaces. W

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Le Manta sera en partie financé grâce au crowdfundi­ng.

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