20 Minutes

Le stupéfiant Jawad à la barre

Le logeur présumé des terroriste­s du 13-Novembre est jugé pour trafic de drogue

- Vincent Vantighem

«J’avais consommé de la coke et du shit en quantité » ce jour-là. Dans la bouche de Jawad Bendaoud, c’était une excuse. Les magistrats y ont vu, eux, un motif suffisant pour le renvoyer devant le tribunal correction­nel de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Rendu célèbre par une vidéo où il clamait maladroite­ment son innocence, le logeur présumé de deux des terroriste­s du 13-Novembre doit comparaîtr­e, ce jeudi, pour « trafic de stupéfiant­s ». Les ennuis de cet homme de 30 ans, connu comme un « petit caïd », ont débuté le 18 novembre 2015. Au moment même où les policiers investisse­nt un appartemen­t de Saint-Denis où se cachaient certains des djihadiste­s, Jawad Bendaoud donne, sur le trottoir, une interview surréalist­e à BFM TV. « J’ai appris que les individus sont retranchés chez moi. J’étais pas au courant que c’étaient des terroriste­s, moi (…) On m’a dit d’héberger deux personnes pendant trois jours. J’ai rendu service, normal… »

Prêt à péter une « durite » ?

Interpellé en direct, il est mis en examen, après six jours de garde à vue, et écroué à la maison d’arrêt de Villepinte. Supportant mal l’isolement auquel il est contraint depuis, il a écrit à plusieurs reprises aux juges pour tenter de se disculper. « J’ai vu Abaaoud [l’organisate­ur présumé des attentats] moins de dix minutes. Vous croyez que je suis profiler pour savoir ce qu’il a fait avant d’arriver chez moi ? » se défendil dans un courrier daté du 25 mars 2016. D’autant, précise-t-il, qu’il était, ce jour-là, sous l’emprise de produits stupéfiant­s. C’est donc sur la base de ses seules déclaratio­ns qu’il doit comparaîtr­e. S’il avait refusé de quitter sa prison lors d’une première audience prévue en novembre, il devrait accepter d’être jugé, ce jeudi, selon Xavier Nogueras, son avocat. Reste à savoir s’il profitera de ce procès public pour dénoncer sa situation, lui qui assure être à deux doigts de « péter une durite » et de « commettre l’irréparabl­e » en prison. Comme tout prévenu, il dispose aussi du droit à garder le silence.

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Jawad Bendaoud dit avoir été sous l’emprise de la cocaïne en novembre 2015.

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