20 Minutes

Le Défenseur des droits tient la police à l’oeil

Le Défenseur des droits a été saisi 1 225 fois en lien avec des interventi­ons de sécurité

- Hélène Sergent

«Un fait de société qu’il faut traiter à la hauteur de l’enjeu pour notre pays » : voilà les mots employés par le Défenseur des droits, Jacques Toubon, pour qualifier l’interpella­tion brutale d’un jeune homme de 22 ans à Aulnaysous-Bois (Seine-Saint-Denis), le 2 février. Replaçant les violences policières au coeur du débat social et politique, « l’affaire Théo » donne au rapport annuel d’activité du Défenseur des droits, dévoilé ce jeudi, une résonance particuliè­re.

Après enquête, le nombre de manquement­s avérés reste stable.

En 2016, cette autorité indépendan­te a été saisie pour 1 225 cas en lien avec l’interventi­on des forces de sécurité (contre 910 en 2015). Soit une augmentati­on de 34,6 % en un an. Si le nombre de manquement­s avérés après enquête reste stable, le rapport pointe des « relations tendues entre une partie de la population et des forces de l’ordre ». Etat d’urgence, perquisiti­ons administra­tives et manifestat­ions contre le projet de loi Travail ont eu un impact majeur.

L’état d’urgence. Instauré au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, ce régime d’exception a été prolongé à cinq reprises. Il court désormais jusqu’au 15 juillet, soit après l’élection présidenti­elle d’avril-mai et les législativ­es de juin. Un tiers des saisines concerne le déroulemen­t de perquisiti­ons administra­tives intervenue­s entre novembre 2015 et février 2016. Période au cours de laquelle les forces de l’ordre ont été extrêmemen­t sollicitée­s. Les six premiers mois, 3594 perquisiti­ons ont en effet été ordonnées par les autorités. « Procédure de nuit, impression­nante par la présence d’effectifs nombreux, munis d’armes de poing et/ou encagoulés (…), une partie des réclamants a fait ensuite état de violences physiques, violences psychologi­ques, notamment à l’égard des enfants présents », précise le rapport.

La loi Travail. La gestion du maintien de l’ordre – érigé en modèle pendant des années à l’étranger – a été violemment remise en cause en 2016, dans le cadre des manifestat­ions contre le projet de loi Travail. Le Défenseur des droits a reçu 120 réclamatio­ns cette année-là, « une augmentati­on sans précédent », précise le rapport : « Un grand nombre de celles-ci (…) mettent en cause principale­ment l’utilisatio­n de gaz lacrymogèn­es, de grenades, de matraques et de lanceurs de balle de défense. » Dans un rapport précédent sur les violences policières, publié par l’associatio­n Acat (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture), la directrice des programmes AnneLise Lierville déplorait : « Avant, les forces de l’ordre avaient recours à des techniques de mise à distance. Désormais, on blesse. »

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Manifestat­ion de soutien à Théo à Paris, le 18 février.

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