Les candidats désormais obligés d’embrasser la cause féministe
PRÉSIDENTIELLE
Mardi, veille de la Journée des droits des femmes, Nicolas Dupont-Aignan présentait un comité Debout les femmes, tandis que Jean-Luc Mélenchon visitait un club de boxe féminin à Marseille. Ce mercredi a lieu un forum sur les propositions de François Fillon en faveur des femmes... « C’est le jeu, aujourd’hui, plus personne ne peut faire campagne sans se prétendre féministe », estime Fatima El Ouasdi. Le jugement de la cofondatrice de l’association Politiqu’elles reste sévère : « La plupart ont une attitude de façade, avec des mesures ou des formules purement incantatoires, sans rien de concret qui réponde aux problèmes majeurs des violences et du harcèlement. »
Rien de révolutionnaire
Janine Mossuz-Lavau, directrice de recherche CNRS émérite au centre de recherches politiques de Sciences Po, n’a rien vu non plus de révolutionnaire dans les programmes des uns et des autres. Mis à part, peut-être, la question clivante de la procréation médicalement assistée. Quant à l’appel d’Emmanuel Macron pour arriver à 50 % de candidates aux législatives, elle considère qu’il faut aller plus loin : « Tout le monde connaît la recette magique pour obtenir la parité réelle : on divise le nombre de circonscriptions par deux et on met en place un binôme avec un homme et une femme. Je ne vois personne le proposer. » Fatima El Ouasdi se montre davantage séduite par l’ambition de Benoît Hamon, qui est de se donner les moyens de « faire émerger une culture de l’égalité dans tous les domaines », indique Laura Slimani, chargée de la thématique. Cela passera par « un doublement du budget du ministère des Droits des femmes, des brigades de lutte contre les discriminations (…). Le revenu universel sera aussi une arme pour redonner de l’autonomie financière aux femmes en difficulté. » Quid de Marine Le Pen, la seule femme susceptible de l’emporter? La candidate FN se la joue discrète sur le sujet. Une stratégie intelligente, reconnaît Fatima El Ouasdi. « Son image moderne parle pour elle. Mère de famille, divorcée, qui a réussi sa vie professionnelle : comment voulez-vous que les femmes se disent qu’elle va les renvoyer au foyer? » Pour Janine Mossuz-Lavau, « elle est peut-être celle qui a le mieux compris comment parler aux femmes dans la précarité et qui veulent que ça change. Si j’étais cynique, je dirais qu’il y a un électorat à prendre. »