20 Minutes

Attention, requins fragiles

Des associatio­ns tentent d’encadrer l’observatio­n des squales par les voyageurs

- Fabrice Pouliquen

Imaginez-vous aux Bahamas, au fond de l’eau, à tendre des poissons au bout d’une courte tige en fer à une dizaine de requins qui vous tournent autour. Ou au large de l’Afrique du Sud, à regarder un requin blanc butant sur une cage en fer d’où vous l’observez. Ce grand frisson pourrait très bien être au programme de vos prochaines vacances. Ce ne sont en tout cas pas les tour-opérateurs et les clubs de plongée proposant ces aventures extrêmes qui manquent. « C’est tout sauf ce qu’il faut faire », prévient Bernard Séret, océanograp­he spécialisé dans l’étude des requins. Ces dernières années, le quotidien des squales, mais aussi des raies, baleines et autres espèces marines sauvages, est perturbé par un tourisme en plein essor qui promet aux vacanciers de les approcher toujours de plus près. « Ce tourisme génère des centaines de millions de dollars chaque année, note Project Aware, en introducti­on du « Guide de bonnes pratiques pour observer les requins et les raies », que l’ONG a sorti vendredi dernier, en partenaria­t avec The Manta Trust et WWF.

Des vides juridiques

Ce guide s’ajoute à la Charte internatio­nale pour l’écotourism­e requin responsabl­e, rédigée en début d’année par Bernard Séret et le plongeur Steven Surina, autre amoureux des squales. Les deux publicatio­ns veulent poser un cadre éthique à une pratique encore peu réglementé­e. Des pays tentent bien de mettre fin à ces dérives des clubs de plongée. En Australie par exemple, où les requinsbal­eines avaient fini par déserter certaines zones à force d’être dérangés par des plongeurs intrusifs. Mais il reste des vides juridiques. « Les Bahamas, illustre Bernard Séret. Là-bas, on en vient à faire du cirque pour satisfaire une clientèle à fort pouvoir d’achat et peu patiente. Les requins sont nourris pour forcer les rencontres et le guide se mêle à eux pour faire des numéros. » La pratique n’a pas que des inconvénie­nts. « Bien faites, ces observatio­ns sensibilis­ent les touristes au sort de ces animaux, victimes de pêche intensive », précise Denis Ody responsabl­e du pôle océans et côtes à WWF. Pour Bernard Séret, le rétablisse­ment de l’équilibre passe par la responsabi­lisation des clubs de plongée. Sa charte appelle entre autres à limiter le nombre de plongeurs sur site, l’usage des flashs ou à ne jamais approcher les requins à moins de deux mètres. Depuis janvier, onze clubs l’ont signée et six devraient le faire bientôt.

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Un guide et une charte visant à protéger les requins ont été rédigés.

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