20 Minutes

« L’instinct du buteur en moi »

EXCLUSIF Pour « 20 Minutes », l’attaquant du PSG Edinson Cavani présente les caractéris­tiques de son poste, avant de retrouver Barcelone (20 h 45).

- Propos recueillis par William Pereira

Edinson Cavani est à 2016-2017 ce que son pote barcelonai­s Luis Suarez, qu’il retrouve ce mercredi en 8e de finale retour de Ligue des champions, fut à la saison précédente : un monstre d’efficacité en totale réussite. Avec 37 buts en 36 matchs, l’attaquant du PSG a plus que repris le flambeau laissé par Zlatan Ibrahimovi­c à l’été 2016 et fait taire ses détracteur­s. Quel est donc le secret de l’Uruguayen pour faire trembler les filets aussi souvent ? Les Hypervenom III qu’il porte aux pieds ? Le travail ? Le talent ? L’ancien attaquant de Naples s’est confié à 20 Minutes pour parler sens du but et frappes en première intention. Qu’est-ce que pour vous, l’instinct de buteur ? Je pense que c’est quelque chose qui est inné, qu’on a dans le sang. C’est un truc que tu découvres les premières fois que tu touches un ballon de foot. Tu ne t’en rends pas forcément compte tout de suite quand tu es enfant. Je savais que j’avais cet instinct en moi. Je ne l’ai pas travaillé, je l’ai seulement perfection­né avec le temps. Le sens du but est-il propre aux buteurs ? Ou des milieux de terrains, voire des défenseurs, peuvent-ils aussi l’avoir ? Non, je ne crois pas… La passion pour le football, même si elle n’est pas ressentie par tous, peut exister chez les joueurs évoluant à n’importe quelle position. Mais le sens du but, le flair de l’attaquant… Tu ne retrouves ça que chez un avant-centre. Vous aviez des exercices spéciaux qui vous ont aidé à vous améliorer ? L’une des choses qui t’aident à grandir, c’est ta manière de lire le jeu, les actions. Dès le moment où tu progresses dans ce domaine, tu comprends comment te placer dans telle ou telle situation. Et tu te mets dans les meilleures dispositio­ns pour conclure. Savez-vous toujours, en fonction de votre position, où se trouve le but ? Oui, oui. Mais là encore, c’est pareil, c’est instinctif. La surface, le but… Je sais où ils sont. L’aspect mental est-il vraiment plus décisif chez un attaquant que chez les autres joueurs ? Non, pas vraiment. Chacun a une pression liée à son rôle sur le terrain. Après, c’est vrai que le buteur a souvent, entre ses mains, la responsabi­lité de l’issue d’un match en marquant, ou non, un but. Cela ajoute une pression supplément­aire, mais je vois ça comme une pression saine. En ce moment, vous jouez beaucoup contre des défenses regroupées. N’est-ce pas trop frustrant pour un chasseur de buts comme vous ? C’est le jeu, il faut savoir l’accepter. Quelque part, c’est un peu normal de voir des équipes inférieure­s, que ce soit sur le papier ou statistiqu­ement, défendre dans leur surface pour ne pas perdre. Tu n’as pas d’autre choix que de foncer sur ce bloc dans la surface pendant 90 minutes en espérant que ça passe. C’est à nous de trouver les clés pour gagner malgré tout. Dans quelles circonstan­ces pensez-vous être le plus efficace ? Dans ma carrière, j’ai marqué des buts dans toutes sortes de positions : de la tête du droit, du gauche… Après, c’est sûr que je préfère marquer des buts en une touche de balle, c’est une situation dans laquelle je me sens à l’aise. A l’inverse, on a l’impression que c’est un peu plus compliqué quand vous devez prendre votre temps pour finir les actions… C’est vrai que c’est l’une des choses sur lesquelles je dois travailler. D’un autre côté, je dois accepter le fait qu’il n’y a pas de vertu sans défaut. Enfin, je ne sais pas si c’est vraiment un défaut, mais en tout cas ce sont des situations que je « sens » moins bien que les actions en une touche. Il ne faut pas oublier que, pour un buteur, ça reste le plus important. Après, oui, je préfère marquer en première intention mais ça ne veut pas dire, non plus, que je ne sais pas mettre des buts en touchant plusieurs fois le ballon.

« Moi, je pense que j’ai un truc génétique… »

On dit de plus en plus que les vrais numéros 9 dont vous faites partie sont en voie de disparitio­n. Comment l’expliquez-vous ? Il y a de moins en moins d’équipes qui possèdent un attaquant pur en pointe. Evidemment, l’évolution du football y est pour quelque chose. Maintenant, on demande aux attaquants qu’ils aient une approche différente du football alors qu’avant on exigeait qu’ils restent, avant tout, devant, à l’affût des ballons de but. La contrepart­ie quand tu fais « sortir » le vrai numéro 9, c’est qu’il faut que tous tes attaquants soient capables de marquer. Il y a des équipes qui peuvent se le permettre et d’autres qui n’en ont pas les moyens. Avez-vous conscience, quelque part, de participer, vous aussi, à l’évolution de ce poste ? Vous courez et défendez beaucoup plus qu’un attaquant « classique »… Je ne sais pas vraiment comment me définir. Je me sens avant-centre malgré tout. Mais tout dépend des caractéris­tiques du footballeu­r. Aujourd’hui, le principal effort défensif que l’on voit de la part des avants-centres, c’est de revenir dans le rond central. Moi, je pense que j’ai un truc génétique… Une résistance qui me permet de venir aider l’équipe et de défendre en plus de faire mon travail d’attaquant. Et je prends du plaisir à faire les efforts défensifs. Quand je rentre sur le terrain, je me prépare aussi bien à aider les autres en défense qu’à être en place devant et faire mon job de buteur.

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Edinson Cavani, le 14 février.
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Edinson Cavani, le buteur du PSG.

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