Les jeunes en veulent à Fillon
A près de 80 %, les 18-30 ans jugent que le candidat LR a eu tort de se maintenir
«Comment pourrait-on faire confiance à un homme qui ne respecte pas sa propre parole? » Comme Baptiste, 25 ans, une large majorité de jeunes Français estiment que François Fillon, mis en examen mardi, « n’a pas eu raison de maintenir sa candidature » à la présidentielle. Selon l’enquête exclusive OpinionWay* pour 20 Minutes auprès de la communauté #MoiJeune, 77 % des 18-30 ans désapprouvent en effet ce maintien. Les jeunes sont particulièrement déçus que le candidat n’ait pas respecté son engagement de retirer sa candidature s’il était mis en examen. Ils désapprouvent également sa défense visant à critiquer les juges et les médias. Aux yeux de Baptiste d’ailleurs, auto-entrepreneur à Paris, « l’immunité devrait être abolie ». Pour Julie (prénom d’emprunt), 26 ans, l’affaire Fillon révèle une « faute morale » et un « décrochage » du candidat avec les Français : le prix de « ses costumes, qui représentent six mois de salaires pour certains, les piges à 1 000 € de sa femme… il vit dans une autre sphère », estime cette consultante francilienne. Sympathisante de gauche, elle juge pourtant « difficile » un abandon du candidat : « D’un point de vue démocratique, c’est compliqué de le remplacer par Juppé ou Baroin. Je comprends qu’il ne se retire pas, même si je n’approuve pas. »
« La parole, ça compte »
De l’autre côté du spectre politique, l’affaire Fillon choque aussi. Ainsi, Gaël, sympathisant de droite qui soutenait François Fillon avant même sa victoire à la primaire, a « lâché » son candidat le 1er mars. « Le déclic s’est produit lorsqu’il a lui-même annoncé qu’il serait mis en examen. En politique, la parole, ça compte », insiste cet étudiant de 20 ans qui vit à Montpellier. L’affaire Fillon empêche « de parler de programme, déplore-t-il. Il aurait fallu qu’il abandonne dès le 1er mars. » Pour Antoine, 20 ans, en recherche d’emploi et sympathisant du Front national, « il est trop tard pour que François Fillon se retire. » L’affaire Fillon risque-t-elle de faire tache d’huile chez les jeunes? « Autour de moi, certains ressentent du dégoût, décrit Gaël au sujet de ses amis sympathisants de droite comme lui. Ça n’a pas dû aider pour l’image des politiques. » Quant à la transparence de la vie politique, Julie dit avoir « l’espoir » qu’elle s’améliore. « Ma génération est différente. Elle est née avec les réseaux sociaux. » Mais la jeune femme de conclure : « La transparence est manipulable. » * Etude réalisée en ligne du 14 au 16 mars auprès d’un échantillon représentatif de 1083 jeunes âgés de 18 à 30 ans.