20 Minutes

Un inquiétant délinquant

L’assaillant d’un militaire à l’aéroport, Ziyed Ben Belgacem, se distingue plus, pour l’instant, par son casier judiciaire que par un penchant pour l’islamisme.

- Caroline Politi

«Posez vos armes, je suis là pour mourir par Allah. De toute façon, il va y avoir des morts », avait crié Ziyed Ben Belgacem, l’homme qui a attaqué une patrouille de la force Sentinelle à l’aéroport d’Orly, samedi matin, avant d’être abattu. Si le profil d’un individu « extrêmemen­t violent », déterminé à aller « jusqu’au bout » se dessine peu à peu, ses « motivation­s » interrogen­t, a confié le procureur de Paris, François Molins. Car le CV de ce Français d’origine tunisienne, né à Paris en février 1978, s’apparente plus à celui d’un délinquant chevronné qu’à celui d’un homme radicalisé.

« Un homme froid, distant, qui ne parlait pas beaucoup. » Un gardien de la prison d’Osny

A 39 ans, Ziyed Ben Belgacem a été condamné à neuf reprises, notamment pour vols avec violences, braquages et trafic de stupéfiant­s. Sa vie ne sera qu’un enchaîneme­nt de courtes périodes de liberté et de séjours en détention, dont le dernier s’est terminé au mois de septembre. C’est lors de l’une de ces incarcérat­ions, à la maison d’arrêt d’Osny (Val-d’Oise) en 2011-2012, qu’il laisse transparaî­tre « des signaux de radicalisa­tion », selon les mots de François Molins. « Il a été suivi par le bureau du renseignem­ent parce qu’il fréquentai­t quelques personnes radicalisé­es, notamment un homme fiché S, d’origine tunisienne, comme lui », se souvient un gardien d’Osny. Mais le fonctionna­ire n’a jamais observé de changement­s dans le comporteme­nt de Ziyed Ben Belgacem. « C’était plutôt un suiveur, pas du tout un soldat comme pouvait l’être Larossi Aballa [l’auteur de l’attaque de deux policiers à Magnanvill­e, dans les Yvelines]. » A ses yeux, le terme « radicalisé » est « un bien grand mot ». Il garde en revanche le souvenir d’un homme « froid », « distant » qui « ne parlait pas beaucoup ». Ce signalemen­t lui vaudra néanmoins de faire l’objet d’une perquisiti­on administra­tive, peu après le 13-Novembre. Quatre clés USB et une carte SD seront saisies, sans résultat. Ce qui explique que Ziyed Ben Belgacem n’a jamais fait l’objet d’une fiche « S » (sûreté d’État). Dimanche, outre une autopsie, des prélèvemen­ts sanguins devaient être pratiqués pour déterminer si l’assaillant était sous l’emprise de drogue ou d’alcool. A son domicile de Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise), les enquêteurs ont retrouvé quelques grammes de cocaïne et une machette.

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A l’aéroport d’Orly, le 18 mars 2017.
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Avant d’agresser des militaires à l’aéroport d’Orly et d’être abattu, Ziyed Ben Belgacem avait blessé un policier en lui tirant dessus lors d’un contrôle routier puis tiré à nouveau, sur les clients d’un bar, mais sans faire de blessés.

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