Un inquiétant délinquant
L’assaillant d’un militaire à l’aéroport, Ziyed Ben Belgacem, se distingue plus, pour l’instant, par son casier judiciaire que par un penchant pour l’islamisme.
«Posez vos armes, je suis là pour mourir par Allah. De toute façon, il va y avoir des morts », avait crié Ziyed Ben Belgacem, l’homme qui a attaqué une patrouille de la force Sentinelle à l’aéroport d’Orly, samedi matin, avant d’être abattu. Si le profil d’un individu « extrêmement violent », déterminé à aller « jusqu’au bout » se dessine peu à peu, ses « motivations » interrogent, a confié le procureur de Paris, François Molins. Car le CV de ce Français d’origine tunisienne, né à Paris en février 1978, s’apparente plus à celui d’un délinquant chevronné qu’à celui d’un homme radicalisé.
« Un homme froid, distant, qui ne parlait pas beaucoup. » Un gardien de la prison d’Osny
A 39 ans, Ziyed Ben Belgacem a été condamné à neuf reprises, notamment pour vols avec violences, braquages et trafic de stupéfiants. Sa vie ne sera qu’un enchaînement de courtes périodes de liberté et de séjours en détention, dont le dernier s’est terminé au mois de septembre. C’est lors de l’une de ces incarcérations, à la maison d’arrêt d’Osny (Val-d’Oise) en 2011-2012, qu’il laisse transparaître « des signaux de radicalisation », selon les mots de François Molins. « Il a été suivi par le bureau du renseignement parce qu’il fréquentait quelques personnes radicalisées, notamment un homme fiché S, d’origine tunisienne, comme lui », se souvient un gardien d’Osny. Mais le fonctionnaire n’a jamais observé de changements dans le comportement de Ziyed Ben Belgacem. « C’était plutôt un suiveur, pas du tout un soldat comme pouvait l’être Larossi Aballa [l’auteur de l’attaque de deux policiers à Magnanville, dans les Yvelines]. » A ses yeux, le terme « radicalisé » est « un bien grand mot ». Il garde en revanche le souvenir d’un homme « froid », « distant » qui « ne parlait pas beaucoup ». Ce signalement lui vaudra néanmoins de faire l’objet d’une perquisition administrative, peu après le 13-Novembre. Quatre clés USB et une carte SD seront saisies, sans résultat. Ce qui explique que Ziyed Ben Belgacem n’a jamais fait l’objet d’une fiche « S » (sûreté d’État). Dimanche, outre une autopsie, des prélèvements sanguins devaient être pratiqués pour déterminer si l’assaillant était sous l’emprise de drogue ou d’alcool. A son domicile de Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise), les enquêteurs ont retrouvé quelques grammes de cocaïne et une machette.