Une campagne 2017 violente sur la forme, pas sur le fond
Mélenchon qualifié de « Robespierre », Le Pen « droguée aux faits divers », Manuel Valls giflé, Fillon enfariné... Cette campagne est-elle plus violente qu’avant? Pour Patrick Charaudeau, chercheur au CNRS au laboratoire de communication politique, les attaques sont aussi vieilles que la politique, mais « la société s’est lissée. On n’accepte plus les propos insultants, racistes et antisémites du XIXe siècle… » Moins venimeuses qu’auparavant, les piques se multiplient indéfiniment, via les médias en continu et les réseaux sociaux, et visent davantage l’apparence, le tempérament, que les idées elles-mêmes. « C’est dû à une dégénérescence de la politique qui a engendré, notamment, une pipolisation de la vie politique (...). Quand il n’y a plus d’esprit, reste le corps », souligne Eddy Fougier, chercheur associé à l’Iris. Si, « pour l’essentiel, on reste dans de la violence symbolique », le chercheur s’inquiète toutefois du niveau de violence, si la droite n’était pas qualifiée au second tour. « Des menaces de mort adressées à l’Elysée et certains commentaires sur les réseaux sociaux ne sont pas bons signes. »
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