20 Minutes

Les journalist­es pris à partie

Comment la presse doit-elle faire face à l’hostilité des hommes politiques?

- Clio Weickert

Alors que le premier tour de l’élection présidenti­elle approche, les relations entre journalist­es et politiques semblent plus tendues que jamais. Les journalist­es doivent-ils pour autant répliquer et se montrer plus radicaux dans leur traitement médiatique ? De plus en plus pris à partie, parfois violentés physiqueme­nt, les journalist­es sont bousculés lors de rencontres politiques, à l’instar d’Hugo Clément de « Quotidien », qui a reçu une gifle d’un sympathisa­nt de François Fillon. Comment faire face à cette hostilité? Pour Louis Morin, journalist­e du « Petit Journal » de Canal +, victime de la brutalité du service de sécurité de François Fillon lors de son meeting dimanche, il est hors de question de plier face à cette violence. « Avec l’expérience, on sait qu’il ne faut pas répondre aux agressions verbales et ne pas entrer dans cet engrenage », explique-t-il à 20 Minutes. Quid du boycott? Pour le journalist­e, cette décision « pourrait être perçue comme un affront, voire se transforme­rait en un argument de victimisat­ion », estime-t-il. « Tous les partis, sans exception, ont critiqué les médias », ajoute-t-il.

Les contrainte­s du CSA

Selon Marlène Coulomb-Gully, professeur­e de communicat­ion à l’université de Toulouse-II - Jean-Jaurès, « les politiques et les journalist­es sont des associés rivaux. Ils se partagent l’espace public et démocratiq­ue avec les citoyens, et chacun essaie d’imposer son pouvoir. » Et si un candidat fait défection à un journalist­e au dernier moment, pourquoi inviter à nouveau le lâcheur? Pour une question de règlement et « d’égalité stricte ». Depuis lundi, le Conseil supérieur de l’audiovisue­l (CSA) veille à ce que les candidats de chaque parti s’expriment de manière égale dans les médias. Toutefois, le même règlement prend en compte ces imprévus et prévoit, « en cas de difficulté­s identifiée­s », un échange « entre le CSA et le média concerné ». Au-delà des règles, Alexandre Kara, le directeur de la rédaction nationale de France Télévision­s, juge qu’il ne faut pas en faire « des affaires personnell­es », surtout en tant que service public. « Notre rôle est d’éclairer les électeurs, et en aucun cas de prendre parti, ni d’entrer dans une logique de guerre. Nous ne sommes pas acteurs, mais médiateurs. » La loi du talion n’est donc pas de mise.

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Le candidat LR François Fillon sur le site de Thales à Mérignac, le 25 janvier.

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