Euro 2016, Besiktas, Bastia... La France incapable de gérer les supporters
Les affrontements lors de Bastia-Lyon, dimanche, pose la question de la gestion des fans
Affrontements entre supporters lyonnais et turcs, jeudi, heurts entre fans bastiais et joueurs de l’OL, dimanche… Le tout, six mois après un Euro marqué par des épisodes de violence entre Russes et Anglais, à Marseille. Le football français a la tête cabossée. Si elle affirme, lundi dans Le Parisien, que la France a « un dispositif de sécurité performant », Nathalie Boy de la Tour, la présidente de la LFP, reconnaît quand même « que rien n’empêche d’améliorer le dispositif ». C’est le moins que l’on puisse dire.
Les forces de l’ordre ont perdu la main. Chaque semaine, les arrêtés préfectoraux, qui interdisent de déplacement les supporters, pleuvent. « C’est difficile de gérer 25 000 supporters visiteurs quand on n’a pas pris l’habitude de le faire régulièrement sur 2 000 ou 3 000 personnes. Il n’y a pas de routine de travail, pas d’expertise en la matière », expliquait le sociologue Nicolas Hourcade, sur RMC, après les violences lors de Lyon-Besiktas. Le commandant de police Christophe Rouget affirme, au contraire, à 20 Minutes que « les forces de l’ordre sont habituées à ces interventions », grâce notamment aux SIR, les sections d’intervention rapide, créés en 2010.
Des stadiers pas toujours très pros. Lors de Bastia-OL, le plus alarmant a été de voir un stadier corse porter des coups aux joueurs lyonnais. Une situation déjà vue, en 2014, lors d’un Nice-Bastia. Le directeur de la sécurité du SCB est aussi mis en cause par les Lyonnais. Rien d’étonnant, pourtant, pour Yves Lefebvre, d’Unité SGP Police-FO, qui, avant d’être policier, a été arbitre de foot une dizaine d’années en L2. « Dans des clubs, quand on voit le “Monsieur Sécurité”, ça fait peur ! Et certains stadiers… Rien que physiquement, ils n’ont pas le profil! »
Dialogue brisé entre tous les acteurs. Au coup d’envoi d’OM-ASSE, dimanche, le bas du virage Sud du Vélodrome a déployé un tifo « Fuck LFP », qui illustre le mécontentement des Ultras français contre une Ligue répressive avec qui les discussions sont compliquées. « Il faut instaurer un dialogue avec les Ultras », commente l’ancien commissaire divisionnaire Michel Lepoix, auteur d’un livre sur le hooliganisme. En 2013, Nicolas Hourcade dénonçait dans Le Monde un phénomène de cercle vicieux : « On institue une contrainte sur les petits actes, comme les fumigènes, ce qui conduit à des actions plus violentes. Et ça aboutit à encore plus de répression. »