« Je ne traite pas les autres comme des ennemis »
Le candidat de La France insoumise veut enrayer la dislocation de l’UE
Sous les couleurs de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon est candidat pour la deuxième fois à l’élection présidentielle, après avoir obtenu 11,1 % en représentant le Front de gauche en 2012. Le député européen a répondu aux questions de 20 Minutes. Comment gouvernerez-vous le temps de la rédaction d’une nouvelle Constitution ? En exerçant tous les pouvoirs prévus par la Ve République. Je pense travailler avec un gouvernement composé d’un nombre de ministres réduit, mais accompagné de plusieurs hauts-commissaires en mission. J’ai eu cette idée en observant la mission de Martin Hirsch [haut-commissaire du gouvernement Fillon]. C’était un modèle assez performant. Cela permet à quelqu’un d’être à l’aise sur une mission précise, sans avoir en charge toute une administration. Cette formule gouvernementale particulière me paraît adaptée le temps que nous changions de Constitution. Avant l’adoption de la nouvelle Constitution, il y aura peut-être des blocages, car le Conseil constitutionnel fonctionnera d’après sa jurisprudence. Sur l’Europe, votre plan A consiste à renégocier les traités. Quelle sera votre méthode pour convaincre les autres pays de l’UE ? On ne fait pas l’Europe sans la France. Je serai entendu, car, moi, je ne traite pas les autres comme des ennemis ou comme des maîtres, mais comme des partenaires. Personne n’a envie que le processus de dislocation européenne, qui a déjà commencé, se poursuive. Si l’UE a une chance de finir la décennie, c’est en changeant de méthode. Sinon, nous nous en irons. Dans le pire des cas, vous sortez donc de l’UE par l’article 50 ? Je n’ai pas envie d’imaginer le pire des cas. L’économie française peut-elle résister à la pression des marchés financiers ? Oui, et la question inverse se pose : estce que les marchés financiers peuvent résister à la pression de la France ? Mon personnage est assez redoutable et redouté pour qu’ils y réfléchissent à deux fois avant de s’en prendre à nous. Ils ne tomberont pas sur quelqu’un qui va se mettre à genoux devant je ne sais quelle agence de notation. D’ailleurs, à chaque fois qu’un pays est passé outre les recommandations de la Banque mondiale et du FMI, cela lui a réussi. Mais je n’aurai pas besoin d’en arriver là. Personne ne peut nous imposer une décision qu’on ne veut pas prendre.