Les meurtriers partent en live
Steve Stephens avait posté sur Facebook le film où il tuait un homme
Celui qui avait été surnommé « le meurtrier de Facebook » a été retrouvé mort dans sa voiture, jeudi. Il s’est finalement suicidé, après trois jours de traque. Agé de 37 ans, Steve Stephens s’était filmé en train de tuer un homme de 74 ans qu’il ne connaissait pas, à Cleveland, dans l’Etat américain de l’Ohio. Il avait ensuite publié la vidéo sur Facebook. Une méthode employée récemment, fin mars, lorsque la vidéo d’un viol a elle aussi été diffusée sur Facebook live. Pour la criminologue Michèle Agrapart-Delmas, les auteurs de ces crimes sont « des exhibitionnistes ». « Ils ont besoin, comme tous les pervers, d’être vus, d’être regardés, explique-t-elle à 20 Minutes. Ces personnalités n’existent qu’à travers les autres, contrairement aux psychopathes qui tuent dans l’anonymat. » Mais pourquoi Steve Stephens est-il passé à l’acte ? « C’est quelqu’un qui était au bout du rouleau, qui était extrêmement en colère, avance le criminologue Stéphane Bourgoin. Il a perdu tout ce qu’il possédait. Il jouait au casino, était couvert de dettes… Il a été expulsé d’un appartement où il vivait avec sa compagne il y a six mois de ça. Il a aussi été délogé de celui qu’il occupait depuis. »
« Diffuser la vidéo du crime les rend célèbres aux yeux du monde entier. » Stéphane Bourgoin, criminologue
Selon le spécialiste des tueurs en série, Steve Stephens a donc probablement « prémédité » son meurtre, tout comme sa mise en scène. « Toute sa vie, il a essayé de réussir quelque chose. Mais sans succès. Diffuser la vidéo du meurtre le rend, en quelque sorte, enfin célèbre aux yeux du monde entier. » Ce n’est pas la première fois qu’un meurtre est filmé et diffusé sur Internet. Il existe en effet chez les criminels une forme de mimétisme. Le Canadien Luka Rocco Magnotta, surnommé « le dépeceur de Montréal », est devenu en 2012 tristement célèbre après avoir tué un ressortissant chinois installé au Canada, puis diffusé la vidéo sur Internet. Lui-même s’était « directement » inspiré des agissements de tueurs en série ukrainiens, remarque Stéphane Bourgoin. Le criminologue souligne également que, depuis la tuerie commise dans une école de Columbine (Colorado), « à peu près toutes les tueries scolaires donnent lieu à des testaments vidéo, à des messages postés sur Internet ».