20 Minutes

Le tee-shirt rempile en politique

Les slogans, longtemps exclus des garde-robes, sont de nouveau tendance

- Anne Demoulin

Porter ses conviction­s sur le dos n’a jamais été aussi tendance. A l’heure des élections, comment le tee-shirt politique a-t-il négocié son retour dans le domaine de la lutte et le territoire de la hype ? Cols blancs vs cols bleus, le vêtement est depuis toujours le porteur d’un message. Et le tee-shirt s’utilise comme une arme de communicat­ion idéologiqu­e massive, depuis le gris chiné « I Like Ike » soutenant Eisenhower en 1948 jusqu’à ceux militant pour les droits civiques et le féminisme, et contre la guerre du Vietnam dans les années 1960 et 1970. Après une longue phase has been, le tee-shirt militant et politique réinvestit les défilés, les réseaux sociaux et la rue. Sous les pavés, Chanel. Le retour en grâce s’amorce en octobre 2014 au défilé-manifestat­ion printempsé­té 2015 de la maison de la rue-Cambon. Les tailleurs en tweed et slingbacks dorées se mêlent aux slogans inspirés par le Mouvement de libération des femmes, tels que « Ladies First » ou « Women’s Rights are More Than Alright ». Karl Lagerfeld lance le débat. Anna Wintour entre en résistance à la Fashion Week de New York de 2016. Elle mobilise 15 grands noms de la mode US tels que Marc Jacobs ou Diane von Furstenber­g pour soutenir Hillary Clinton. Ces créateurs signent un défilé intitulé « Made for History » et dépoussièr­ent le teeshirt de soutien politique avec des pièces spéciales « campaign ». Même si Donald Trump est élu, la lutte continue. Du hoodie « This Pussy Grabs Back » de Rihanna devant la Trump Tower au sweat « Feminism is the Radical Notion That Women are People » de Madonna, emprunté à l’écrivaine Marie Shears, le vêtement contestata­ire se répand comme une traînée de poudre.

Anti-Trump

Les bandanas blancs du défilé Tommy Hilfiger, le « This is not America » du défilé Calvin Klein, la campagne « Make Love, Not Walls » (« Faites l’amour, pas des murs ») de Diesel et les petites culottes sérigraphi­ées « Fuck Your Wall » de LRS font des doigts au nouveau président élu. A Paris, le torchon brûle aussi, et Dior l’attise. Le tee-shirt « We Should All Be Feminists », « manifeste » de la nouvelle directrice artistique de la griffe française, Maria Grazia Chiuri, fait sensation sur les podiums des collection­s printemps-été 2017. La pièce, inspirée par l’essai féministe de l’auteure nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, séduit Rihanna et Natalie Portman. Même si elle coûte un demi-smic, elle devient le must-have de la saison. Les marques oscillent entre bons sentiments et stratégie marketing et jouent la carte électorale en sortant des collection­s capsules « présidenti­elle 2017 » non partisanes. Au programme, des tee-shirts « Rien au programme », « Bla bla bla » ou « Votez vacances » (19,90 €) chez Bonobo Jeans, des tee-shirts « 2017 Votez pipelette », « Présidente des râleuses » (15,99€), « Ministre de la mode » ou « Votez pour moi, je ne vous promets rien » (12,99 €) chez Cache Cache.

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