« C’est parce qu’il était policier qu’il a été tué »
Un hommage national a été rendu à Xavier Jugelé
Lui aussi « souffre sans haine », comme Antoine Leiris, auteur de cette phrase qui a marqué les esprits après la mort de sa femme au Bataclan : « Vous n’aurez pas ma haine. » Mardi, dans la cour de la préfecture de police de Paris, les mots d’Etienne Cardiles viennent briser la solennité de l’hommage national rendu à son compagnon Xavier Jugelé, assassiné sur les Champs-Elysées. « Cette haine, elle ne te ressemble pas. Parce qu’elle ne correspond en rien à ce qui faisait battre ton coeur ni à ce qui avait fait de toi un gendarme, puis un gardien de la paix », confie, la voix étranglée, ce haut fonctionnaire du Quai d’Orsay.
« Un héros du quotidien »
Membre de la 32e compagnie de la Direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) de la préfecture de police de Paris, Xavier Jugelé, 37 ans, a été abattu, jeudi, de deux balles dans la tête par Karim Cheurfi, au cours de l’une de ses dernières missions de sécurisation. Il s’apprêtait en effet à rejoindre, le 2 mai, le pôle relations internationales de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). « Ce type de mission te plaisait parce que c’étaient les Champs et l’image de la France. Parce que c’était aussi la culture que vous protégiez », a déclaré Etienne Cardiles. « C’est parce qu’il était policier qu’il a été frappé et c’est en policier qu’il est tombé », a insisté François Hollande, rappelant que huit policiers et quatorze gendarmes sont morts dans l’exercice de leurs fonctions en 2016. Il a élevé, à titre posthume, Xavier Jugelé, « un héros du quotidien », au rang de capitaine et l’a fait chevalier de la Légion d’honneur. Si, mardi, la campagne a été mise entre parenthèses, François Hollande a néanmoins lancé un appel à Emmanuel Macron et Marine Le Pen, présents à la cérémonie. A ceux qui « auront à décider pour demain », il a demandé « les ressources nécessaires pour recruter les personnels indispensables à la protection de nos concitoyens », plaidant pour « de la constance (...), plutôt que des surenchères et des ruptures ».