20 Minutes

Un abbé intégriste devant les assises pour viols

L’ex-directeur d’une école privée aurait abusé de trois enseignant­es et les aurait torturées

- Caroline Politi

D’ordinaire, le secret règne en maître au sein de l’école privée Notre-Dame-de-la-Sablonnièr­e, à Goussonvil­le, dans les Yvelines. Mais, à partir de ce mardi, le fonctionne­ment de cet établissem­ent proche de la Fraternité Saint-Pie X, une communauté catholique intégriste, sera décortiqué par la cour d’assises de Versailles. Son ancien directeur, l’abbé Christophe R., 43 ans, est accusé de viols et d’actes de barbarie sur trois enseignant­es. Deux d’entre elles se sont constituée­s partie civile.

Soigner « le mal par le mal »

C’est au cours de séances « d’exorcisme », entre septembre et octobre 2010, que l’abbé aurait abusé d’elles. Usant de son « influence spirituell­e », il aurait d’abord persuadé l’une d’elles, victime d’abus sexuels dans son enfance, de recourir à des séances « expiatoire­s » pour soigner « le mal par le mal ». Il aurait ensuite convaincu deux autres femmes qu’elles avaient elles-mêmes souffert d’agressions qu’elles avaient refoulées, afin de les « exorciser ». Les victimes auraient ainsi été violées, parfois à l’aide d’objets, dont un balai, une brosse à dents ou une paire de ciseaux. L’année suivante, les victimes ont alerté leur hiérarchie des agissement­s de l’abbé, ordonné en 2002. Après un procès « canonique », c’est-à-dire orchestré par la Fraternité Saint-Pie X, l’ecclésiast­ique a été mis à l’écart pendant deux ans dans un couvent. L’évêché de Versailles a précisé n’avoir « aucun lien avec ce mouvement » religieux, proche des milieux d’extrême droite. « Nous ne pouvons qu’être profondéme­nt attristés pour les victimes et blessés que la figure du prêtre soit salie », avait-il déclaré lorsque l’affaire a éclaté, précisant que l’établissem­ent n’était pas sous contrat avec l’Etat. Devant les enquêteurs, l’abbé a tenté de minimiser les faits. Selon lui, les victimes étaient consentant­es et il se serait « contenté » de mimer l’acte sexuel, assurant s’être « arrêté à l’orée de la chose ». Interrogé sur le fait de savoir s’il avait lui-même été victime d’abus, notamment dans son enfance, il a indiqué qu’il l’ignorait. Il est détenu depuis 2014 à la prison de Bois-d’Arcy. Ni l’avocat des parties civiles – qui a déposé une demande de huis clos – ni celui de la défense n’ont souhaité s’exprimer avant l’ouverture du procès, qui doit durer quatre jours. Christophe R. risque la réclusion criminelle à perpétuité.

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Le procès de l’homme d’église débute ce mardi devant la cour d’assises de Versailles.

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