20 Minutes

Bastien Vivès, l’essence des sens

Avec « Une soeur », l’auteur de la série « Lastman » revient avec un album intimiste très esthétique

- Olivier Mimram

Après s’être consacré cinq ans à la série Lastman, Bastien Vivès revient à ses premières amours en signant un récit intimiste et tout en délicatess­e : dans Une soeur, l’auteur de Polina (Grand Prix de la critique en 2012 récemment adapté au cinéma) renoue avec le « style Vivès » : une narration très esthétique dans laquelle les silences sont souvent plus éloquents que les dialogues.

Une histoire de « parenthèse enchantée ». Une soeur raconte l’éveil à la sensualité d’une ado et d’un préado, Hélène et Antoine. « Je voulais évoquer le côté “parenthèse enchantée” que tout le monde connaît un jour, raconte l’auteur. Le personnage principal est trop jeune pour comprendre les sentiments qu’il découvre, pour les analyser et se dire : “Je suis amoureux !”. » Cet épisode est si joliment amené que, quelle que soit sa propre expérience, le lecteur y est renvoyé. « Ça n’a pas été facile à raconter parce que je n’ai pas eu ce genre d’adolescenc­e. La première fois que j’ai embrassé une fille, j’étais en terminale », confie Bastien Vivès.

Un récit en partie autobiogra­phique. Lorsqu’on lui demande si Antoine n’est pas, quelque part, le petit Bastien, l’auteur ne peut s’empêcher de sourire : « Je suis parti sur le souvenir de mon petit frère et moi. L’idée, c’était de créer un personnage dans lequel je me projetais assez bien. Et puis, vu que pour Antoine, le récit tourne autour du fantasme d’avoir une grande soeur, j’ai fait en sorte que le gamin me ressemble un peu parce que j’ai sûrement aussi eu ce fantasme plus jeune. »

Le « cinéma du pauvre » de Vivès. Avec ses découpages très cinématogr­aphiques – les plans larges succèdent intelligem­ment aux plans serrés en fonction de l’intention d’une séquence –, Une soeur rappelle certains films d’Eric Rohmer ou de Pascal Thomas. « C’est le cinéma de Claude Sautet qui m’a marqué. Quand j’ai commencé à faire de la BD, je disais que c’était un peu mon “cinéma du pauvre”. » Sensuel et sensible, parfois cru bien qu’empreint d’une grande innocence, Une soeur est de ces livres qui bouleverse­nt sans que l’on sache trop bien en expliquer la raison. « Une soeur », de Bastien Vivès. Aux éditions Casterman. En vente mercredi (20 €).

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Antoine et Hélène, les deux héros de l’histoire, ont trois ans d’écart.

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