Une énergie branchée voisins
Les consommateurs peuvent désormais partager l’électricité qu’ils produisent
C’est rare qu’il pleuve à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales). « Mais quand ça tombe, ça tombe fort », lance André Joffre, le PDG de Tecsol, un bureau d’étude spécialisé dans l’énergie solaire. Du coup, le lotissement de 300 parcelles en projet sur cette commune de la banlieue de Perpignan ne pourra pas voir le jour sans un bassin de rétention d’eau. Pour optimiser l’espace, au-dessus de ce bassin, « on fera construire une petite centrale solaire sur pilotis, poursuit l’entrepreneur. Elle sera la copropriété des habitants qui souhaitent investir et elle injectera de l’électricité dans le réseau du quartier jusqu’aux différentes maisons qui seront érigées. » Voilà ce qu’on appelle l’autoconsommation d’électricité. Le principe est de consommer directement l’énergie qu’on produit sur place et de ne dépendre du réseau public d’électricité que lorsque ses propres panneaux photovoltaïques ne produisent pas ou peu d’énergie (la nuit ou l’hiver par exemple). Jusqu’à présent, seule l’autoconsommation individuelle était autorisée en France, mais à peine 14000 clients d’Enedis ont opté pour cette option à ce jour.
Particuliers, HLM, ZI...
Richard Loyen, directeur général d’Enerplan, syndicat des professionnels de l’énergie solaire, constate l’accélération des projets d’autoconsommation depuis un an. « Chez les particuliers, mais aussi dans le tertiaire, précise-t-il. Les locaux d’entreprises, de collectivités, de supermarchés… » De plus, depuis la publication, dimanche, d’une ordonnance au Journal officiel, l’autoconsommation peut enfin devenir collective. « Plusieurs consommateurs peuvent désormais se rassembler pour partager l’électricité qu’ils ont produite grâce à des panneaux solaires détenus en commun », détaille David Marchal, directeur adjoint production et énergie renouvelable à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. De quoi ouvrir de nouvelles perspectives pour les professionnels du secteur qui peuvent désormais toquer à la porte des copropriétés, des offices HLM, des lotissements, des zones commerciales ou industrielles… Richard Loyen ne s’attend pas pour autant à une explosion des projets d’autoconsommation collective en France. En raison du coût des installations photovoltaïques ou de la question de l’acheminement de l’électricité entre deux bâtiments, car il faudra forcément passer par le réseau public d’électricité. Des inconnues qu’il reste à lever, mais qui ne devraient pas empêcher l’autoconsommation collective de se faire une place au soleil.