20 Minutes

Mon beau-père raciste et moi

Ce thriller à haute tension, qui a cartonné aux Etats-Unis, dénonce la haine ordinaire

- Caroline Vié

Avec Get Out, Jordan Peele a pulvérisé le box-office américain en récoltant plus de 172 millions de dollars pour un budget de 4,5 millions ! Un nouveau triomphe à porter aussi au crédit du producteur Jason Blum, un habitué des films d’horreur à succès avec, entre autres, Paranormal Activity (Oren Peli, 2009), Insidious (James Wan, 2011), Sinister (Scott Derrickson, 2012) et The Visit (M. Night Shyamalan, 2015). Un charmant étudiant afro-américain part en week-end chez les parents de sa petite amie blanche. Cette dernière calme ses inquiétude­s sur les réactions de ses parents : « Mon père aurait voté une troisième fois pour Obama s’il l’avait pu. » Pourtant, dès son arrivée dans la superbe propriété, le garçon remarque que les domestique­s – tous noirs – ont l’air un peu trop joyeux. « J’ai pensé à des classiques horrifique­s qui étaient aussi des critiques de la société, explique le réalisateu­r, Jordan Peele. Des Femmes de Stepford à L’Invasion des profanateu­rs en passant par Invasion Los Angeles, de nombreux films de genre contiennen­t un fort contenu social, une tradition que j’ai souhaité perpétuer. » Si le racisme en est l’un des thèmes majeurs, ce thriller riche en surprises aborde d’autres sujets.

Glaçant et amusant

« L’histoire n’évoque pas que la couleur de la peau, mais aussi les abus de riches notables qui ne prennent que leur propre bien-être en considérat­ion », insiste Jordan Peele. La découverte que fait le héros (excellent Daniel Kaluuya, solide et candide à la fois) dépasse l’imaginatio­n en mettant sa vie en péril. « Il y a une dimension ludique dans ses aventures, même si l’ensemble est conçu pour glacer le sang », précise le réalisateu­r. Les cris entendus dans la salle suffisent à s’en persuader. « Je n’irais pas jusqu’à dire que Get Out brocarde l’Amérique de Donald Trump, insiste Jordan Peele. Mais il est sorti au bon endroit au bon moment. Beaucoup de gens y ont vu une charge contre ce gouverneme­nt qui n’était pas vraiment prévue au départ, même s’il est évident que nous avions respiré l’air du temps. » Aux Etats-Unis, certains sont retournés voir le film plusieurs fois. « On sentait une vraie jubilation dans les salles, s’exclame-t-il. Comme si tous les oubliés de l’Amérique prenaient une forme de revanche. » En ce sens, le malin Get Out peut être qualifié de « feel good movie ».

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Un Afro-Américain visite sa belle-famille blanche et l’atmosphère se tend.

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