A trois jours du verdict, l’incertitude plane toujours
L’implication de Heaulme dans les meurtres de Montigny-lès-Metz n’est toujours pas établie
Francis Heaulme est un excellent joueur d’échecs. Un de ses anciens codétenus l’a confié, jeudi, à la cour d’assises de la Moselle qui le juge pour le meurtre de deux enfants, commis à Montigny-lès-Metz en septembre 1986. Blême, tremblotant dans son box vitré, le « routard du crime » n’en est pas moins lucide sur ses forces et faiblesses dans cette partie judiciaire qui a débuté le 25 avril. Son principal atout est connu depuis longtemps. Les faits remontent à plus de trente ans, il n’existe donc plus aucune preuve matérielle dans cette affaire irrésolue. Le gendarme Laurent Iltis a ainsi raconté comment il avait recherché le wagon sur lequel figurait une trace de main ensanglantée, les vêtements des enfants tués et même le bocal contenant des excréments découverts sur la scène de crime. « J’ai fait chou blanc! » Mais, bien assis face au box, les six jurés ont aussi eu, la semaine dernière, un aperçu des faiblesses de celui qui l’occupe. Evoquant sa « marque comportementale », son « répertoire », sa « quasi-signature criminelle », les « experts Montigny » ont expliqué, à tour de rôle, que cette scène de crime sentait quand même le Francis Heaulme à plein nez.
Aucune certitude
L’un des enfants était déshabillé, comme l’étaient la plupart de ses neuf victimes connues. Surtout, les deux petits ont été massacrés dans un déchaînement de violence dont le « routard du crime » était, à l’époque, coutumier. « Cette année-là, Heaulme est livré à l’alcool et à ses démons. L’histoire est en marche. Et il ne fait pas bon croiser sa route », résume le gendarme Francis Hans. La cour sait bien que Francis Heaulme a rencontré celle de Cyril Beining et Alexandre Beckrich, ce dimanche de 1986 où, d’après un témoin, il « faisait joli ». C’est le seul point que le tueur en série admet. « Montigny, c’est pas moi! », répète-t-il, tout en reconnaissant être passé sur place le jour du drame et même avoir vu les cadavres des enfants. « Est-ce que Francis Heaulme a le profil du tueur? Oui. Mais doit-on le condamner sur la base de ses seules déclarations fantaisistes ? Non », a déjà commencé à plaider Alexandre Bouthier, l’un de ses avocats. Les aveux passés – ceux de Patrick Dils ou d’Henri Leclaire – ne valent plus rien. Il n’y a aucune certitude. Seulement de nombreuses « probabilités ». Sur lesquelles les jurés devront se forger leur intime conviction, jeudi.