20 Minutes

Macron devra bien conclure

Le nouveau président est en pleine « lune de miel »

- Delphine Bancaud

Des éditoriaux élogieux, une passation de pouvoirs commentée avec emphase, des sondages positifs sur les premières mesures promises lors de son quinquenna­t… Depuis son élection, le nouveau président de la République semble jouir d’un état de grâce. « Il y a toujours une suspension des hostilités au lendemain d’une élection présidenti­elle », indique l’historien Fabrice d’Almeida. Ses prédécesse­urs, eux, n’avaient pas suscité un tel enthousias­me, rappelle le spécialist­e d’histoire politique, Jean Garrigues : « Sarkozy avait commis l’erreur du Fouquet’s et avait donné l’impression de privatiser la passation de pouvoirs en mettant en scène de manière excessive sa famille. Quant à Hollande, il n’avait pas raccompagn­é Sarkozy jusqu’à sa voiture lors de la passation de pouvoirs. Il lui avait même tourné le dos et avait rendu hommage à tous ses prédécesse­urs dans son discours d’investitur­e, sauf à lui. »

« Il aura à transforme­r cette idylle avec les Français en amour plus durable. » Jean Garrigues, historien politique

Si le président de la République jouit, pour l’instant, d’un traitement positif dans l’opinion, c’est aussi qu’il semble porteur d’un souffle : « Il incarne la nouveauté, la volonté de casser les codes et cela suscite la curiosité », estime Patrick Eveno, historien des médias. Outre le coup de jeune qu’il donne à la présidence, Emmanuel Macron paraît incarner l’espoir pour beaucoup, d’autant qu’il succède à François Hollande dont la cote de confiance était très basse en fin de quinquenna­t : « Certains voient en lui un repoussoir du déclinisme, un rayon de soleil dans cette grisaille politique. Et cet état de grâce semble encore amplifier par la sympathie qu’il inspire à l’internatio­nal, comme on a pu le constater avec le soutien que lui a apporté Barack Obama », complète Jean Garrigues. Si Emmanuel Macron n’est pas encore égratigné par la plupart des médias, c’est aussi que son positionne­ment « ni à droite ni à gauche » déstabilis­e : « Il bénéficie pour l’instant d’une certaine neutralité de la part de la presse la plus partisane », constate Jean Garrigues. Et de souligner par ailleurs que la presse a exploité le filon du storytelli­ng : « Tous les portraits de lui font appel au romanesque, y compris dans l’évocation de son couple atypique. » Mais toutes les lunes de miel ont une fin, glisse Patrick Eveno : « Les critiques de Le Pen et de Mélenchon vont se faire de plus en plus entendre lors de la campagne des législativ­es et seront suivies par celles des médias. » « Il aura à transforme­r cette idylle avec les Français en amour plus durable », juge Jean Garrigues. « Tout ce qui a été jugé positif chez lui pourrait finalement être critiqué », avance Fabrice d’Almeida.

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Bain de foule pour le président le jour de son investitur­e, dimanche.

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