La Souterraine ne veut pas voir l’usine GM&S enterrée
Toute La Souterraine est suspendue au sort de GM&S, menacée de fermeture
ALa Souterraine, deuxième ville la plus peuplée de la Creuse avec 5400 habitants, le sort de l’usine GM&S et de ses 277 salariés est loin d’être anecdotique. Le sous-traitant automobile, deuxième employeur privé de Creuse, est en difficulté depuis que les commandes, majoritairement en provenance de PSA et de Renault, se sont raréfiées au fil des années. Son avenir pourrait très vite devenir un casse-tête pour le nouveau président Emmanuel Macron. En attendant la décision du tribunal de commerce de Poitiers (le 23 mai), qui pourrait choisir la liquidation de l’entreprise, les Sostraniens oscillent entre plusieurs sentiments. Pour Sylvie, qui travaille au foyer de jeunes travailleurs depuis plus de vingt ans, cette menace de fermeture est récurrente : « C’est toujours la bataille. » GM&S subit en effet son troisième redressement judiciaire en dix ans. « Ces sujets ne sont pas mis en avant dans les journaux télévisés, comme si on trouvait normal que les entreprises mettent la clé sous la porte », s’agace Sylvie.
« Demain, vous viendrez nous jeter des cacahuètes. » Pierre Decoursier, directeur d’un foyer de jeunes travailleurs
Pierre Decoursier, le directeur du foyer, reconnaît que, « si l’usine ferme, cela représentera un manque à gagner pour nous ». En plus d’héberger des intérimaires, la structure sert de cantine à plusieurs salariés de GM&S, qui représentent une soixantaine de couverts par semaine. « Demain, il n’y aura plus rien ici. Vous viendrez de Paris pour nous jeter des cacahuètes, on sera devenu un zoo », conclut, désabusé, Pierre Decoursier. Pour Michel Langlais, patron d’un bar, le calcul est simple : « Les employés de l’usine prennent un café le matin, achètent du pain à la boulangerie et boivent un coup le soir. Si ça ferme, il y aura forcément un impact sur la ville. » Aurélia, employée d’une boutique d’ameublement, s’inquiète surtout pour les familles. « Il y a des couples qui travaillent là-bas, que vont-ils devenir? » Cette question est loin d’être nouvelle pour La Souterraine, qui a déjà subi la fermeture, en 1992, de l’usine de vêtements Vet Sout. Attablé dans un bar, Fabrice, salarié de GM&S, fait ce constat amer : « On nous dit que notre dossier est prioritaire, mais on n’est pas la seule entreprise en difficulté. Tati, La Halle aux Chaussures sont aussi concernées. Et, à l’arrivée, tout le monde ne pourra pas être satisfait. »