20 Minutes

Un photograph­e suspecté d’avoir violé des modèles

Le trentenair­e a été placé en détention provisoire

- Caroline Politi

«Quand il m’a contactée, j’étais presque flattée qu’il s’intéresse à moi », se remémore Solène*, jolie liane de 24 ans. Un message sur Facebook d’un photograph­e de mode, cela n’arrive pas tous les quatre matins. Yannick D. est relativeme­nt connu dans le milieu, il a « shooté » des pubs, des stars de téléréalit­é, a travaillé avec des agences… En octobre 2016, l’artiste propose à Solène de l’aider à constituer son book « mode » contre une séance de nu artistique. « Je lui ai envoyé un texto pour lui dire ce que j’étais prête à faire, rien de trash, de trop suggestif. Il m’a immédiatem­ent rassurée », précise-t-elle. La séance, dans un studio de SaintOuen (Seine-Saint-Denis), commence par la série mode. « L’ambiance était un peu oppressant­e, mais la mode est un milieu sexiste. » Solène reste sur ses gardes, sans pour autant s’alarmer. Mais à peine se déshabille-t-elle que la situation dégénère. Selon son récit, Yannick D. aurait tenté de lui toucher le sexe. « Je me suis levée et j’ai voulu partir, mais la porte du studio était fermée. Et j’avais oublié mon téléphone… » Elle se sent prise au piège. Yannick D. l’aurait ensuite forcée à « prendre la pose dans des positions très dégradante­s ». « J’étais persuadée qu’il allait me violer, plus je le suppliais d’arrêter, plus il rigolait », raconte-t-elle. Au bout d’une demi-heure, une « éternité » à ses yeux, le « calvaire » s’arrête. L’enquête sur ce photograph­e de 37 ans a démarré en novembre 2016 à la suite de la plainte d’une mannequin. Selon des sources proches du dossier, neuf femmes, de 18 à 33 ans, se disent victimes des agissement­s de Yannick D. Le parquet de Nanterre a ouvert une informatio­n judiciaire pour viols (sur deux jeunes femmes) et agressions sexuelles en décembre 2016. Le photograph­e, mis en examen, a été placé en détention provisoire. Il nie fermement. Selon les premiers éléments de l’enquête, les faits se seraient à chaque fois déroulés lors de séances photos, entre 2014 et 2016. Agathe*, 33 ans, est l’une des premières femmes du dossier à avoir croisé sa route. Comme Solène, le photograph­e lui propose de l’aider à constituer son book contre des photos de nu. Elle accepte de faire du « porno chic ». Pour les clichés osés, « il a voulu que je pose nue avec une arme à feu », se souvient-elle. Aujourd’hui encore, elle ignore si ces dernières étaient factices. Le photograph­e lui aurait repris l’arme avant de se déshabille­r à son tour. Il aurait ensuite exigé d’elle une fellation puis lui aurait imposé un rapport sexuel. « Quand il m’a demandé de m’allonger, je l’ai fait. J’étais pétrifiée, je pleurais comme une enfant. » Pendant des années, elle n’en parle à personne. Elle évoque, pêle-mêle, le sentiment de honte, de culpabilit­é, la crainte de ne pas être crue ou d’être traînée dans la boue. « C’était quelqu’un de connu, les gens l’auraient défendu. » Solène et Agathe ont tourné le dos au mannequina­t. L’une comme l’autre désirent que leurs témoignage­s servent à d’autres. Depuis plusieurs mois, des affaires similaires ont défrayé la chronique. La dernière en date met en cause un photograph­e de renommée mondiale, David Hamilton, qui s’est suicidé alors que la polémique enflait. * Les prénoms ont été changés.

« J’ai voulu partir, mais la porte du studio était fermée. » Solène, l’une des victimes supposées du photograph­e

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Les faits se seraient déroulés à chaque fois lors de séances photos, entre 2014 et 2016.

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