20 Minutes

La Seine-Saint-Denis voit rouge

Faute d’accord national, les candidats de La France insoumise et du PCF s’affrontero­nt

- Thibaut Le Gal

«Nous ne sommes pas des aventurier­s qui réalisons des carrières individuel­les. Nous formons une équipe », a lancé, mardi, Jean-Luc Mélenchon, devant la mairie de Saint-Ouen. Le patron de La France insoumise (FI) est venu apporter sa verve et sa notoriété à ses lieutenant­s de Seine-Saint-Denis, où il a obtenu ses meilleurs scores au premier tour de la présidenti­elle, avec 34, 03 % des voix. « Dans ce départemen­t né rouge, l’influence communiste n’a fait que décroître à partir des années 1980, retrace l’historien Roger Martelli. L’affaibliss­ement local du PCF a d’abord bénéficié à la droite, qui a récupéré des villes, et, dans les années 1990, le PS a pris la relève. Jean-Luc Mélenchon a redonné des couleurs à cette partie de l’ancienne banlieue rouge. » Eric Coquerel, candidat FI dans la 1re circonscri­ption, abonde : « Il a réussi à repolitise­r les quartiers populaires. Cette France nouvelle, diverse, jeune, de toutes origines, qu’est le 93 (…) aurait pu se tourner vers l’abstention, mais elle a été sensible [à son] discours d’émancipati­on. » L’élan du premier tour sera-t-il toutefois suffisant pour retapisser de rouge la Seine-Saint-Denis lors des législativ­es? La partie s’annonce serrée.

Mauvais « paternalis­me »

Faute d’accord national, PCF et France insoumise s’affrontent dans neuf des douze circonscri­ptions du départemen­t. « On a fait un gros travail pour la campagne de Mélenchon (…). Et, derrière, on n’a pas été traité de manière très juste… Pour nous qui vivons ici toute l’année, qui nous battons au quotidien contre la droite, on ressent ça comme du paternalis­me de mauvais aloi », s’agace Frédéric Durand, élu à Saint-Ouen opposé à Eric Coquerel. « Personne ne fera le plein de voix et nous pouvons perdre, car la droite, voyant nos divisions, s’est pleinement engagée dans la campagne », craint-il. La partie sera d’autant plus compliquée que les anciens du Front de gauche auront à affronter des candidats La République en marche, mais aussi des socialiste­s et des écologiste­s. Marie-George Buffet, candidate PCF à sa réélection dans la 4e circonscri­ption, sans candidat insoumis face à elle, « regrette profondéme­nt que la négociatio­n ait échoué ». « Les gens ne comprennen­t pas. Pour eux, le vote Mélenchon nous englobait. Le naturel était qu’on soit uni à la sortie. » L’ex-ministre tente de garder espoir : « Il faut se parler, car il y aura un second tour. Partout où il y aura un candidat communiste ou FI, il faudra se rassembler. »

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Jean-Luc Mélenchon, à Saint-Ouen, mardi, est venu soutenir Eric Coquerel.

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