«La pression est désormais terrible pour le pouvoir»
« Le résultat de La République en marche est, à l’échelle de la Ve République, du jamais-vu », indique Eddy Fougier, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques. « Même le parti gaulliste, l’UNR, n’a pas eu un tel succès en 1958. Le résultat de LREM est sans précédent, voire déroutant. La pression est désormais terrible pour le pouvoir, car les électeurs attendent du changement », précise le politologue. Pour les autres partis, on oscille entre la douche froide et la claque colossale. A droite, Les Républicains et l’UDI pourraient obtenir 132 élus, quand le Parti socialiste coulerait, avec 15 à 40 sièges. Après avoir été qualifié au second tour de la présidentielle, le Front national obtiendrait entre un et dix sièges. Divisés, La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon et le PCF pourraient espérer entre 10 et 23 fauteuils. Autre fait marquant : le taux d’abstention dépasse les 50 % (51,43 % selon le ministère de l’Intérieur à 23 h 30), ce qui est un record depuis les premières législatives de la Ve République de 1958. En 2012, ce taux était de 42,8 %. Selon Stéphane Rozès, président de CAP (Conseils, analyses et perspectives), cette abstention élevée « n’est pas vraiment une surprise », les législatives attirant moins que la présidentielle, « la clef de voûte des institutions ».
L’abstention sera « forte »
« Ceux qui sont allés voter ont donné de manière écrasante leur voix à LREM. Le pays, par son abstention, a consenti à Emmanuel Macron une majorité absolue », analyse le politologue. Un succès qui s’explique par le fait que le président est « monté en première ligne », en faisant campagne en France ou en étant actif sur la scène internationale, donnant de la voix face à Donald Trump ou Vladimir Poutine. Dimanche prochain, « l’abstention baissera légèrement, mais restera forte », prévoit Stéphane Rozès. La conséquence « d’un électorat populaire, qui vote France insoumise ou FN, qui restera souvent chez soi ».