Ma Chapelle va craquer
Il y a urgence à ouvrir d’autres lieux d’accueil à Paris et en France
«It’s closed this morning », lance peu après 8 h, mardi, un CRS aux abords du centre humanitaire de la Chapelle (18e). Devant les barrières de sécurité, plusieurs dizaines de réfugiés espéraient pourtant obtenir une place. A l’image d’Abdla Ahmad Adam, un Soudanais de 24 ans. « Comme tous les matins depuis un mois, je tente d’y entrer, mais c’est impossible », déplore celui qui dort dans un camp de fortune. Quelques minutes après leur rejet, nombreux sont ceux à manifester. Sur leurs pancartes, ces mots : « There is no humans rights in France. » « Ce centre est saturé en permanence », dénonce Pascal Julien.
« 80 à 90 arrivées par jour »
A l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, mardi, le conseiller de Paris (EELV) et élu de l’arrondissement est accompagné de membres de son groupe et d’Eva Joly, députée européenne écologiste. Tous sont venus demander l’ouverture de nouveaux lieux d’accueil dans la capitale, mais aussi ailleurs en France. « La Ville a beaucoup fait pour aider l’Etat à remplir ses missions d’hébergement, notamment en mettant à disposition son domaine intercalaire [des sites et des bâtiments vides, propriétés de la Ville] pour la création de centres d’hébergement d’urgence, rappellent les élus. D’autres communes doivent désormais accepter de suivre l’exemple de Grande-Synthe (Nord) et de Paris en accueillant sur leur territoire un centre de premier accueil. » Et d’appeler à davantage de solidarité les municipalités du Grand Paris. « Patrick Ollier [son président] doit s’emparer du sujet », insistent les élus. « De son côté, l’Etat doit garantir la fluidité des dispositifs en assurant les orientations vers des structures adaptées. Or, depuis la présidentielle, plus aucune nouvelle place n’a été créée. » Anne Hidalgo, la maire de Paris, a d’ores et déjà adressé une lettre en ce sens aux principaux concernés. Plusieurs milliers « de migrants risquent de camper dans les rues de Paris cet été si de nouvelles places ne sont pas créées pour les héberger », a-t-elle averti, dans un courrier aux ministres de l’Intérieur et de la Justice. « Entre 80 et 90 réfugiés arrivent chaque jour dans la capitale », précise Esther Benbassa, sénatrice écologiste du Val-de-Marne. Et le rythme avec lequel ils sont dirigés vers les structures pérennes relevant de l’Etat n’est pas suffisant. Un campement « d’un millier de migrants » s’est effectivement reconstitué dans le nord de Paris, avec des « tensions à l’entrée » et des rixes qui « se multiplient », prévient Anne Hidalgo.