20 Minutes

La réforme avance, non sans quelques frictions

Muriel Pénicaud a présenté une réforme déjà critiquée

- Nicolas Raffin

Muriel Pénicaud avance avec précaution sur la réforme du Code du travail. Mercredi, la ministre du Travail a présenté le projet de loi d’habilitati­on. Une fois adopté par l’Assemblée, normalemen­t fin juillet, il donnera au gouverneme­nt la possibilit­é d’adopter des ordonnance­s « pour le renforceme­nt du dialogue social » qui auront valeur de loi. Dans cette attente, la ministre s’est voulue rassurante. Les pistes de réformes contenues dans le projet? « Ce ne sont pas des décisions (…) Cela sera ensuite soumis au débat parlementa­ire et à la concertati­on [obligatoir­e] des partenaire­s sociaux. » Autrement dit, rien n’est encore gravé dans le marbre. Pourtant, certains points inquiètent déjà les syndicats.

Grève le 12 septembre

Le texte du projet de loi est limpide : « L’ordonnance prévue à l’article 1 aura pour objet de reconnaîtr­e et attribuer une place centrale à la négociatio­n collective d’entreprise. » Ce qui doit permettre de renforcer la portée de l’accord collectif. Les conditions de licencieme­nt des salariés qui refusent une modificati­on de leur contrat de travail pourraient donc être revues. Par exemple, lorsqu’un accord d’entreprise prévoit une diminution du salaire, l’employeur doit proposer au salarié de modifier son contrat. En cas de refus, il peut engager une procédure de licencieme­nt et doit lui verser des indemnités correspond­antes. Pour Fabrice Angeï, membre du bureau confédéral de la CGT, cela « conduira à une diminution des sommes versées au salarié » en cas de licencieme­nt. Le projet de loi prévoit aussi « de favoriser la conciliati­on prud’homale ». Néanmoins, il entend revoir les conditions en cas de désaccord entre l’employeur et le salarié. D’après Muriel Pénicaud, « ne pas connaître les règles du jeu à l’avance freine les créations d’emplois ». La réforme veut donc instaurer un plancher et un plafond obligatoir­e pour les dommages-intérêts versés en cas de licencieme­nt « sans cause réelle ni sérieuse ». Sur ce point, les syndicats sont divisés. Fabrice Angeï y voit « un contournem­ent du juge (…). Cela va permettre de connaître le prix à payer pour se séparer d’un salarié, quels qu’en soient les motifs », assure l’élu CGT. Mais, pour Force ouvrière, l’élaboratio­n d’un barème n’est pas une ligne rouge, comme l’a expliqué mercredi son secrétaire général JeanClaude Mailly dans un entretien au Monde : « Nous allons faire des propositio­ns sur le niveau de dédommagem­ents inscrit dans le barème. » De nombreux domaines doivent encore faire l’objet de discussion­s (fusion ou non des instances de représenta­tion du personnel, sécurisati­on des relations de travail…). Les ordonnance­s, quant à elles, doivent être publiées « avant la fin de l’été ». Un calendrier à marche forcée sur lequel la CGT a déjà coché une date : le 12 septembre, jour où le syndicat appelle à la grève contre la réforme du Code du travail.

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Muriel Pénicaud s’est voulue rassurante quant aux pistes évoquées.

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