Hulot évitera-t-il le court-jus ?
Le ministre a présenté ses propositions en faveur de la sauvegarde de la planète
Nicolas Hulot voit très grand. Le ministre de la Transition écologique et solidaire a multiplié les annonces, jeudi, lors de la présentation de son plan climat. Si plusieurs ONG et défenseurs de la planète reconnaissent des gestes positifs, ils regrettent le flou de plusieurs propositions.
Nucléaire. « On s’attendait à une vraie feuille de route, pour l’instant, on ne l’a pas », déplore Julien Bayou, porteparole du parti écologiste. Le ministre a bien confirmé l’objectif – fixé par la loi – de ramener la part du nucléaire à 50 % dans la production d’électricité en 2025… sans donner plus de précisions. Car cela suppose de fermer plusieurs centrales nucléaires. Et l’exemple de Fessenheim (Alsace) n’a pas de quoi rassurer les défenseurs des énergies renouvelables. François Hollande avait promis sa fermeture avant fin 2016 : après plusieurs rebondissements, la centrale alsacienne fonctionnera encore jusqu’en 2019… au moins. Pascal Canfin, directeur général du WWF France, voit, lui, le verre à moitié plein : « Je me félicite surtout que ce plan ne parle pas de construire de nouvelles centrales. »
Carburants. Nicolas Hulot veut aussi, d’ici à 2040, « mettre fin à la vente des voitures qui émettent des gaz à effet de serre » (modèles avec moteur essence ou diesel). « On n’est plus dans les objectifs théoriques », estime Pascal Canfin. Cela n’empêche pas le Réseau action-climat France (RAC-F) de demander au gouvernement « d’adopter des solutions efficaces et immédiates (…), comme l’appui au développement des transports en commun ou l’aide aux mobilités dites “actives”, telles que le vélo ».
Financement. Ces actions demandent un budget important, dont une partie pourrait provenir de la taxe sur les transactions financières (TTF), en débat depuis des années à l’échelle européenne. Or, Nicolas Hulot n’y a pas fait la moindre allusion. « On est très inquiets, explique Cyrielle Den Hartigh, responsable des questions alimentaires et agricoles du RAC. Pour l’instant, il n’y a même pas une intention d’avancer sur ce dossier. Pourtant, on a besoin de la TTF pour être crédibles à l’échelle internationale et montrer aux pays du Sud que l’on peut faire des efforts. »
Agriculture. « Le secteur agroalimentaire est responsable d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre en France, rappelle Cyrielle Den Hartigh. Il y a un certain nombre de sujets conflictuels qu’il faut mettre sur la table, notamment la baisse de la consommation de viande, qui est essentielle si on veut faire bouger les choses. » « Nicolas Hulot rentre dans le dur », conclut Julien Bayou.