20 Minutes

Osny reste sur le qui-vive

Il y a un an, un détenu radicalisé agressait deux surveillan­ts

- Caroline Politi

Depuis un an, Cyril* se pose « chaque jour » la même question: «Pourquoi pas moi?» Pourquoi, il y a un an jour pour jour, Bilal Taghi, détenu radicalisé de la maison d’arrêt d’Osny (Val-d’Oise), a tenté d’assassiner deux de ses collègues et non lui? Le détenu, qui venait d’écoper de cinq ans de prison pour avoir tenté de rallier la Syrie avec femme et enfant, a planté un poinçon fabriqué dans sa cellule dans le dos du surveillan­t venu le conduire en cour de promenade. Au gardien venu porter secours, il a assené un coup au visage, puis au bras. Tous deux sont toujours en arrêt maladie. Bilal Taghi, 25 ans, a été mis en examen pour tentative d’assassinat terroriste. Il a toujours assuré qu’il souhaitait la mort de ses victimes et promet un nouvel attentat, dès qu’il en aura l’occasion. Les enquêteurs de la sous-direction antiterror­iste cherchent à mettre en lumière d’éventuelle­s complicité­s, au sein même de l’unité dédiée à la lutte contre la radicalisa­tion.

Caméras, portiques…

A Osny, les surveillan­ts en sont persuadés, l’attaque était concertée et aurait dû être plus importante. Comme le révélait Le Monde, après les faits, un détenu a glissé un bris de miroir sous une porte, puis tenté de faire de même avec un portable. La fouille des cellules a permis de découvrir plusieurs téléphones, mais également un bout de bois grossièrem­ent taillé ou une lame de rasoir. Mais, pour l’heure, seul Bilal Taghi est mis en examen. Depuis, les unités dédiées ont été remplacées par des quartiers d’évaluation de la radicalisa­tion (QER). Le premier a ouvert à Osny en février, cinq autres ont suivi. « On a arrêté le regroupeme­nt de détenus radicalisé­s et on s’est rendu compte que, pour améliorer la prise en charge, il fallait mieux connaître le degré d’engagement violent », explique une source pénitentia­ire. La sécurité a été renforcée. Davantage de caméras de surveillan­ce, rénovation des cellules pour qu’aucun élément ne puisse être détaché, portiques de détection… Les effectifs ont également été renforcés et les process revus. Désormais, pour chaque tâche, même la plus basique, les surveillan­ts sont deux, voire trois. « C’est la même chose, on a juste changé le nom de l’unité, déplore pourtant Michel, délégué CGT de la maison d’arrêt. On continue de mettre dans une même aile tout ce beau monde, ils restent juste un peu moins longtemps. » Laurent* s’est porté volontaire pour être affecté au QER d’Osny. « On a plus de responsabi­lités que dans des quartiers classiques, on est en lien avec différente­s profession­s », explique-t-il. S’il ne travaille pas la « peur au ventre », l’idée d’une nouvelle agression est présente. « On est toujours sur le qui-vive et on redouble d’attention », assure celui qui, comme ses collègues, redoute une « attaque anniversai­re ». * Le prénom a été changé.

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Depuis les faits, la sécurité a été renforcée à la maison d’arrêt du Val-d’Oise.

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