Un médicament fout les glandes
Même les solutions alternatives au Levothyrox sont interdites aux patients
Nouvelle polémique liée au Levothyrox, un médicament prescrit à plus de 3 millions de personnes ayant des problèmes de thyroïde en France, mais dont les effets secondaires font polémique depuis le lancement d’une nouvelle formule. Nombre d’entre elles, qui se sont reportées sur la L-thyroxine, un traitement alternatif, ne pourront plus acheter ce dernier en pharmacie.
« Un chantage scandaleux »
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a ainsi demandé aux pharmaciens de ne délivrer la L-thyroxine qu’aux enfants de moins de 8 ans et aux patients ayant des troubles de la déglutition. Les pharmaciens doivent inviter les autres patients présentant une ordonnance à consulter à nouveau leur médecin. « Culpabiliser les malades sur un produit qui leur donne un bien-être sous prétexte que ça doit être réservé aux enfants, je trouve que c’est un chantage scandaleux, proteste Chantal L’Hoir, fondatrice de l’Association française des malades de la thyroïde. En Allemagne, les patients ont le choix entre dix produits. Ici, on nous impose un produit dangereux, le Levothyrox. » A titre personnel, Chantal L’Hoir s’est reportée sur la L-thyroxine. Elle va beaucoup mieux. « Quand j’ai commencé le nouveau Levothyrox en avril, c’était affreux. J’ai souffert de crampes terribles. C’est mon endocrinologue qui m’a prescrit de la L-thyroxine. C’est la solution d’urgence. » En refusant aux patients un médicament alternatif, ces derniers pourraient simplement arrêter tout traitement. Une attitude à éviter répètent aussi bien les professionnels de santé que les associations. « Il faut rassurer les patients, reprend Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. On vit un paradoxe. La nouvelle formule du Levothyrox est plus stable et mieux tolérée. Ce qui peut poser problème en revanche, et je ne nie pas les effets secondaires, c’est le dosage. » Du côté des patients, l’heure est à l’inquiétude et la colère. « Que va-t-on faire ? Acheter par Internet de la L-thyroxine ? L’ANSM pourrait importer des produits allemands ou hollandais. Pourquoi ne le fait-elle pas ? » Le numéro vert (0800 97 16 53, accessible du lundi au vendredi, de 9 h à 19 h) mis en place le 23 août par l’ANSM pour « répondre aux inquiétudes des patients » reçoit un afflux d’appels.