20 Minutes

Il est où le chouchou ? (il est où ?)

Ils se défendent de tout favoritism­e, mais les professeur­s, qui retrouvent leurs élèves en ce jour de rentrée, reconnaiss­ent avoir des coups de coeur pour certains d’entre eux. Ce qui les fait craquer ? La curiosité.

- Delphine Bancaud

Quelques profs le reconnaiss­ent d’emblée : ils ont des affinités particuliè­res avec certains de leurs élèves, dont c’est la rentrée ce lundi. « C’est comme dans la vraie vie, il y a des personnali­tés avec lesquelles on accroche, d’autres moins », confie Julie, professeur­e de français dans un collège du Val-de-Marne. Quant à la qualité qui les fait craquer, ils sont unanimes : « C’est la curiosité, tranche Céline, qui enseigne l’anglais dans un établissem­ent du Val-d’Oise. Car un élève qui pose des questions, qui parle de ce qu’il a lu ou vu, qui comprend l’utilité d’apprendre, je serai forcément plus encline à partager des choses avec lui. » Même son de cloche au sud de la France : « Un curieux, même avec 5 de moyenne, aura toute ma considérat­ion. Et ça m’arrive souvent de sauter des récréation­s pour répondre aux questions d’un élève », renchérit Mathieu, professeur de sciences de la vie et de la terre dans un lycée à Toulouse.

Exigence accrue

Toutefois, les « coups de coeur » des premiers jours ne perdurent pas forcément. « Des personnali­tés se révèlent en cours de route. Un élève qui pouvait me sembler un peu banal en début d’année peut se transforme­r en joli papillon, car il s’épanouit en classe. Je suis aussi très sensible à ceux qui progressen­t », admet Julie. « Certains me touchent par leur vulnérabil­ité, reprend Céline, professeur­e des écoles dans le Tarn-et-Garonne . Ils ont des problèmes familiaux qu’ils cachent parfois derrière un comporteme­nt agressif. J’ai envie de les aider et, lorsque je trouve une passerelle pour communique­r avec eux, cela me les rend encore plus attachants. » Danièle, professeur­e d’économie dans un lycée normand, apprécie aussi « ceux qui étaient en difficulté scolaire en début d’année et qui ont fini par comprendre comment il fallait travailler. Leur volonté me bluffe. » Si de nombreux profs avouent avoir des préférés parmi leurs élèves, pas question pour autant d’être plus coulants avec eux. « J’essaye de m’interdire tout favoritism­e et je garde pour moi mes préférence­s », assure Julie. Céline, elle, dit se montrer « plus exigeante avec les bons élèves car je sais ce qu’ils peuvent donner ». Cependant, lorsque la cloche sonne, nombreux sont ceux à quitter, émus, leurs « chouchous ». « Des années après, je me souviens avec plaisir de certains élèves », glisse Danièle. Et puis, lorsque « certains reviennent donner de leurs nouvelles, c’est toujours un plaisir de découvrir comment ils ont évolué », conclut Mathieu.

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Les premiers dans le coeur des enseignant­s ne sont pas ceux que l’on croit.

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