Il est où le chouchou ? (il est où ?)
Ils se défendent de tout favoritisme, mais les professeurs, qui retrouvent leurs élèves en ce jour de rentrée, reconnaissent avoir des coups de coeur pour certains d’entre eux. Ce qui les fait craquer ? La curiosité.
Quelques profs le reconnaissent d’emblée : ils ont des affinités particulières avec certains de leurs élèves, dont c’est la rentrée ce lundi. « C’est comme dans la vraie vie, il y a des personnalités avec lesquelles on accroche, d’autres moins », confie Julie, professeure de français dans un collège du Val-de-Marne. Quant à la qualité qui les fait craquer, ils sont unanimes : « C’est la curiosité, tranche Céline, qui enseigne l’anglais dans un établissement du Val-d’Oise. Car un élève qui pose des questions, qui parle de ce qu’il a lu ou vu, qui comprend l’utilité d’apprendre, je serai forcément plus encline à partager des choses avec lui. » Même son de cloche au sud de la France : « Un curieux, même avec 5 de moyenne, aura toute ma considération. Et ça m’arrive souvent de sauter des récréations pour répondre aux questions d’un élève », renchérit Mathieu, professeur de sciences de la vie et de la terre dans un lycée à Toulouse.
Exigence accrue
Toutefois, les « coups de coeur » des premiers jours ne perdurent pas forcément. « Des personnalités se révèlent en cours de route. Un élève qui pouvait me sembler un peu banal en début d’année peut se transformer en joli papillon, car il s’épanouit en classe. Je suis aussi très sensible à ceux qui progressent », admet Julie. « Certains me touchent par leur vulnérabilité, reprend Céline, professeure des écoles dans le Tarn-et-Garonne . Ils ont des problèmes familiaux qu’ils cachent parfois derrière un comportement agressif. J’ai envie de les aider et, lorsque je trouve une passerelle pour communiquer avec eux, cela me les rend encore plus attachants. » Danièle, professeure d’économie dans un lycée normand, apprécie aussi « ceux qui étaient en difficulté scolaire en début d’année et qui ont fini par comprendre comment il fallait travailler. Leur volonté me bluffe. » Si de nombreux profs avouent avoir des préférés parmi leurs élèves, pas question pour autant d’être plus coulants avec eux. « J’essaye de m’interdire tout favoritisme et je garde pour moi mes préférences », assure Julie. Céline, elle, dit se montrer « plus exigeante avec les bons élèves car je sais ce qu’ils peuvent donner ». Cependant, lorsque la cloche sonne, nombreux sont ceux à quitter, émus, leurs « chouchous ». « Des années après, je me souviens avec plaisir de certains élèves », glisse Danièle. Et puis, lorsque « certains reviennent donner de leurs nouvelles, c’est toujours un plaisir de découvrir comment ils ont évolué », conclut Mathieu.