20 Minutes

Les retraites, l’autre grand chantier du gouverneme­nt

Il aura la délicate mission de mettre en oeuvre la réforme voulue par le président

- Nicolas Raffin

Sa tâche s’annonce ardue. Le haut-commissair­e chargé de mettre en oeuvre la réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron doit être officielle­ment nommé ce jeudi. Comme expliqué dans son programme, le chef de l’Etat ambitionne de créer un « système universel » de retraite, pour remplacer les nombreux dispositif­s qui cohabitent aujourd’hui. Il aura à trancher entre un système à points, comme c’est déjà le cas pour les retraites complément­aires, et les « comptes notionnels » du modèle suédois. Un terme obscur décrypté par JeanMarie Harribey, ancien coprésiden­t des Economiste­s atterrés : « On crée, pour chaque salarié, un compte virtuel sur lequel sont inscrites les cotisation­s retraites prélevées chaque mois. A l’âge de la retraite, on regarde la somme des cotisation­s versées et l’espérance de vie de la classe d’âge. Ensuite, on divise le total des cotisation­s par cette espérance de vie. » Selon le programme présidenti­el, cette réforme a plusieurs avantages : garder un régime par répartitio­n (les cotisation­s des actifs financent les pensions des retraités), connaître ses droits à la retraite « en temps réel » (une applicatio­n doit être développée) et « choisir son âge de départ », a fortiori le montant de sa pension.

Espérance de vie, pénibilité

Pour Frédéric Bizard, professeur à Sciences Po et auteur de Protection sociale : pour un nouveau modèle (Dunod),la philosophi­e de la réforme va dans le bon sens. « Le régime actuel fonctionne en considéran­t que les actifs ont des carrières profession­nelles relativeme­nt homogènes. Or, aujourd’hui, les gens sont de plus en plus nombreux à changer fréquemmen­t d’employeur, ou à cumuler plusieurs métiers en même temps. Le système de protection sociale, basé sur les statuts, n’est plus adapté à cette nouvelle forme d’organisati­on du travail. » Le haut-commissair­e devra toutefois écouter les arguments des opposants au futur système. Pierre-Yves Chanu, spécialist­e du sujet au pôle économique de la CGT, pointe le problème de l’espérance de vie, différente selon que l’on a été cadre ou ouvrier dans le bâtiment. Le programme d’Emmanuel Macron affirme que la pénibilité « sera toujours prise en compte », sans donner plus de détails. Les débats sur la manière de quantifier la pénibilité et les compensati­ons à prévoir en matière de retraite ne manqueront donc pas de ressurgir. En mai, Emmanuel Macron avait déclaré que le nouveau système « monterait progressiv­ement en charge ». « Les Suédois ont mis douze ans pour installer le leur », rappelle Pierre-Yves Chanu.

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Le régime en place ne correspond plus à l’organisati­on actuelle du travail.

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