20 Minutes

De drôles d’oiseaux de nuit

Des députés livrent de savoureux souvenirs de leurs séances nocturnes à l’Assemblée

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Il est presque 6 h, les visages des députés sont éteints. Christian Jacob, chef de file de la droite, demande une suspension de séance, après une nuit entière de débats : « On vient de me communique­r une informatio­n importante… Les pains au chocolat sont arrivés ! » En 2013, la loi sur le mariage pour tous oblige les parlementa­ires à passer plusieurs nuits blanches au PalaisBour­bon. Elu dès 1986, Bernard Debré en a enchaîné un bon nombre. « En journée, l’Assemblée est un théâtre, avec les excès que l’on voit à la télé. » Mais quand la nuit tombe, les excès disparaiss­ent. « Il y a des fous rires, quand des gens à peine réveillés se demandent quel texte est en discussion, poursuit l’ex-député UMP. On est moins nombreux et l’on devient camarades. » Le député PS Erwann Binet confirme : « La fatigue nous met les uns les autres dans un état de sensibilit­é plus forte. Le monde dort autour de nous, les masques politiques tombent. On est plus sincères. »

« Certains picolaient fort »

Reste la question de la fatigue, réglée à coups d’expressos et de coca. Mais pas que. En 2013, Le Parisien livrait la recette du Séance de nuit, un breuvage de couleur jaune servi à la buvette de l’Assemblée (rhum, Cointreau et jus de citron frais). Un sacré coup de fouet. « Les serveurs riaient jaune, car certains députés picolaient fort, devenaient exubérants, tristes, voire agressifs », relate Bernard Debré. Après les séances marathon, il est l’heure d’aller dormir. « La majorité des députés disposent d’une possibilit­é de couchage dans leur bureau, explique le site de l’Assemblée. Les autres peuvent accéder à l’une des chambres de la résidence de l’Assemblée (…) ou bénéficier d’un remboursem­ent partiel de leurs nuitées d’hôtel à Paris. » « Le matelas du clic-clac n’est pas dingue (…), mais ça va, je n’ai pas encore de problème de dos », relève Ugo Bernalicis, député La France insoumise. Toutefois, le député ne peut dormir que d’un oeil, « réveillé par l’administra­teur du groupe pour passer certains amendement­s », témoigne Bernard Debré. Pour des raisons financière­s, une loi votée en 2014 clôt les séances à une heure du matin, sauf « pour achever une discussion en cours ». Mais la magie nocturne n’a pas totalement disparu. « Cet été, il y a eu une sorte de gardenpart­y, raconte Ugo Bernalicis. Des députés LREM ont chanté. J’étais surpris de voir qu’ils connaissai­ent L’Internatio­nale et La Jeune Garde par coeur. »

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La nuit, « les masques politiques tombent », estime le député Erwann Binet.

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