20 Minutes

Le 36 boucle sa dernière affaire

Le déménageme­nt du mythique siège de la police judiciaire prend fin

- Thibaut Chevillard et Caroline Politi

Bien sûr qu’ils ont mille fois pesté contre le réseau informatiq­ue « totalement inadapté », les pièces sombres et biscornues, l’absence d’ascenseurs ou d’un stand d’entraîneme­nt au tir sur place. Pourtant, les policiers ont le coeur serré en faisant leurs cartons. Ils achèvent cette semaine le déménageme­nt du mythique 36, quai des Orfèvres, le siège de la police judiciaire parisienne, dans le 4e arrondisse­ment. Direction un autre 36. Celui de la rue du Bastion, dans le quartier des Batignolle­s (17e). « Ce déménageme­nt, il fallait le faire, le 36 n’a jamais été adapté à notre travail, assure Claude Cancès, son ancien directeur de janvier 1993 à décembre 1995. Quand on était au troisième ou quatrième étage, on avait l’impression d’être dans un vieux paquebot rouillé. Mais c’était un endroit mythique, tous les policiers rêvaient de travailler un jour à la Crim’. » En un peu plus de cent ans, le bâtiment de l’île de la Cité a vu passer entre ses murs parmi les plus grands criminels français. Le Dr Petiot, Guy Georges ou Thierry Paulin ont gravi les célèbres 148 marches. Le dernier interrogat­oire mené dans les locaux a eu lieu miseptembr­e : celui de l’homme accusé d’avoir menacé d’un couteau un militaire de l’opération Sentinelle dans la station de métro Châtelet.

Une âme à retrouver

Le nouveau bâtiment, plus de 30 000 m2 répartis sur dix étages (avec plusieurs ascenseurs), sera inauguré le 19 octobre, mais les quelque 1 700 fonctionna­ires des différente­s brigades ont déjà commencé à prendre leurs marques. Ils étaient auparavant répartis sur une quinzaine de sites différents. Seule la BRI, la brigade de recherche et d’interventi­on, occupe encore l’île de la Cité. Une décision motivée par la nécessité pour cette brigade d’intervenir rapidement aux quatre coins de Paris en cas d’attaque terroriste. « L’ambiance est un peu morose dans les services depuis le déménageme­nt, se désole un officier de police judiciaire. Le nouveau bâtiment est moderne, mais il n’a pas d’âme. On dirait un hôpital. » L’acclimatat­ion est d’autant plus difficile que le quartier des Batignolle­s est encore en travaux. Le nouveau palais de justice n’est pas terminé, les travaux de la ligne 14 et du tramway rendent la circulatio­n très difficile. « Dans quelques années, on parlera des Batignolle­s comme on parlait du 36 », prédit pourtant Claude Cancès. Et d’ajouter : « Un ami disait souvent : “Ce sont les hommes qui font la mémoire des pierres, et non l’inverse”. »

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Seule la brigade de recherche et d’interventi­on restera sur l’île de la Cité.

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