20 Minutes

Mon baptême de l'air collaborat­if

Notre journalist­e a testé pour vous le coavionnag­e, un Blablacar version aérienne

- Adèle Bertier

«Le luxe à portée de main », vraiment ? Allez, je me laisse tenter par le coavionnag­e. Le principe : embarquer au côté d'un pilote amateur, dont on partage les frais, exactement comme le covoiturag­e. Il y a encore très peu d'offres en France, à la suite d'une polémique de deux ans au sujet de la sécurité des passagers entre la Direction générale de l'aviation civile et les plateforme­s de coavionnag­e. Sur Wingly.io, je tombe quand même sur un vol vers Strasbourg, où j'ai prévu de rejoindre des amis. Claude a de super commentair­es sur son profil et plus de 4 600 heures de vol à son actif. Le trajet me coûte 122 €, soit à peu près le prix d'une place en première classe en TGV. Mon pilote récupère 100 € sur cette somme, commission de la plateforme déduite. « On est obligé d'être dans le partage de frais en coavionnag­e, sinon c'est illégal, rappelle-t-il. Comme j'estime le coût de ce vol à 1 100 € de l'heure (essence, maintenanc­e, redevance aéronautiq­ue, etc.) et que je peux emmener jusqu'à cinq passagers, je prends un peu plus de la moitié des frais à ma charge », détaille Claude. Cette fois, je serai la seule à monter à bord.

Belles sensations et stress

Sur le trajet vers l'aéroport, Claude me vante les qualités de son avion, un F-HFMC qui lui a coûté la modique somme de 3,8 millions d'euros. Avec son aéronef et sa certificat­ion IFR (Instrument Flight Rules), on peut atteindre plus de 8 000 mètres d'altitude, ce qui optimise nos chances de décoller, même par très mauvais temps. Trois quarts d'heure de route plus tard, je découvre l'avion et la mine enthousias­te de Claude, alors qu'il procède à un petit check-up du moteur. Une fois installés, mon pilote s'improvise steward et manie l'humour, pour mieux faire passer l'histoire des masques à oxygène en cas de galère. A 18 h, on décolle enfin. Le baptême de l'air des temps modernes peut commencer. Pendant le vol, je réalise que j'accède à quelque chose d'exceptionn­el, entre belles sensations et coup de stress, à la suite d'une petite panne. A 19 h, on atterrit, mais il faut encore parquer l'avion dans le hangar, et rejoindre l'aérogare. J'arrive dans le centre de Strasbourg plus de quatre heures après mon départ de Paris, contre une heure cinquante minutes en moyenne en TGV. L'expérience vaut le détour, mais finis les trajets de luxe. Le retour de Strasbourg, ce sera en covoiturag­e.

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Claude est un pilote amateur expériment­é avec plus de 4 500 heures de vol.

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