20 Minutes

Le calvaire des animaux commence avant l’abattoir

Les conditions de trajet des animaux partant à l’abattoir font l’objet d’un audit

- Fabrice Pouliquen

Des trajets qui s’éternisent, des animaux entassés, des abreuvoirs défaillant­s, une paille qui fait défaut… Ces dernières années, l’attention s’est focalisée sur les conditions de mise à mort des animaux dans les abattoirs français. Mais l’étape qui précède, celle où les bêtes y sont envoyées, « est aussi sujette à des abus réguliers », rappelle régulièrem­ent CIWF, une associatio­n très active sur ce dossier.

Règlement européen bafoué

L’Office alimentair­e vétérinair­e (OAV), un organisme européen, lance d’ailleurs, à partir de lundi en France, un audit sur les conditions de transport des animaux vivants. « L’Hexagone ne sera pas le seul pays à être observé de près, précise Agathe Gignoux, chargée d’affaires publiques pour CIWF. Mais l’OAV a ciblé les territoire­s où l’on constate le plus d’infraction­s au règlement européen. » Ce dernier fixe, par exemple, la durée maximale de transport à vingt-neuf heures pour les bovins et les ovins, vingt-quatre heures pour les porcs, dixneuf heures pour les animaux non sevrés. Au-delà, les bêtes doivent être déchargées, alimentées, abreuvées et bénéficier d’un temps de repos de vingtquatr­e heures avant de reprendre la route. Pour CIWF, ce premier point est déjà peu respecté par les transporte­urs. « A la frontière turque, nous avons constaté que des animaux en provenance d’Europe patientaie­nt parfois plusieurs jours dans le camion, en plein soleil et sous plus de 40 °C », raconte Agathe Gignoux. Pour Dominique Truffaut, vice-président de la Fédération française des commerçant­s en bestiaux (FFCB), en France, « le règlement européen est respecté des commerçant­s, comme des transporte­urs. C’est une question de bon sens : on ne peut pas se permettre que nos animaux arrivent en mauvaise santé chez nos clients. » Romain Bardy n’est pas aussi affirmatif. A la tête d’une entreprise de transport d’animaux vivants, il dit constater encore beaucoup d’abus, notamment en matière de surchargem­ent des camions. « Entre la France et l’Italie, il n’y a qu’un poste-frontière à traverser, et donc moins de risque de se faire attraper. Des camions embarquent trop d’animaux. C’est dangereux pour les autres automobili­stes, et mauvais pour le bien-être animal. » Depuis plusieurs années, CIWF bataille pour faire voter une propositio­n de loi en France sur, entre autres, la limitation du transport d’animaux français à huit heures. « Il existe déjà un règlement européen, à la France de le faire appliquer », recadre Romain Bardy.

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Manifestat­ion en septembre à Londres contre le transport d’animaux vivants.

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