Le calvaire des animaux commence avant l’abattoir
Les conditions de trajet des animaux partant à l’abattoir font l’objet d’un audit
Des trajets qui s’éternisent, des animaux entassés, des abreuvoirs défaillants, une paille qui fait défaut… Ces dernières années, l’attention s’est focalisée sur les conditions de mise à mort des animaux dans les abattoirs français. Mais l’étape qui précède, celle où les bêtes y sont envoyées, « est aussi sujette à des abus réguliers », rappelle régulièrement CIWF, une association très active sur ce dossier.
Règlement européen bafoué
L’Office alimentaire vétérinaire (OAV), un organisme européen, lance d’ailleurs, à partir de lundi en France, un audit sur les conditions de transport des animaux vivants. « L’Hexagone ne sera pas le seul pays à être observé de près, précise Agathe Gignoux, chargée d’affaires publiques pour CIWF. Mais l’OAV a ciblé les territoires où l’on constate le plus d’infractions au règlement européen. » Ce dernier fixe, par exemple, la durée maximale de transport à vingt-neuf heures pour les bovins et les ovins, vingt-quatre heures pour les porcs, dixneuf heures pour les animaux non sevrés. Au-delà, les bêtes doivent être déchargées, alimentées, abreuvées et bénéficier d’un temps de repos de vingtquatre heures avant de reprendre la route. Pour CIWF, ce premier point est déjà peu respecté par les transporteurs. « A la frontière turque, nous avons constaté que des animaux en provenance d’Europe patientaient parfois plusieurs jours dans le camion, en plein soleil et sous plus de 40 °C », raconte Agathe Gignoux. Pour Dominique Truffaut, vice-président de la Fédération française des commerçants en bestiaux (FFCB), en France, « le règlement européen est respecté des commerçants, comme des transporteurs. C’est une question de bon sens : on ne peut pas se permettre que nos animaux arrivent en mauvaise santé chez nos clients. » Romain Bardy n’est pas aussi affirmatif. A la tête d’une entreprise de transport d’animaux vivants, il dit constater encore beaucoup d’abus, notamment en matière de surchargement des camions. « Entre la France et l’Italie, il n’y a qu’un poste-frontière à traverser, et donc moins de risque de se faire attraper. Des camions embarquent trop d’animaux. C’est dangereux pour les autres automobilistes, et mauvais pour le bien-être animal. » Depuis plusieurs années, CIWF bataille pour faire voter une proposition de loi en France sur, entre autres, la limitation du transport d’animaux français à huit heures. « Il existe déjà un règlement européen, à la France de le faire appliquer », recadre Romain Bardy.