L’écran de fumée du terroriste aux sept identités
L’auteur de l’attentat de dimanche était connu de la police sous sept identités différentes
Il a enfin pu être identifié, et quatre personnes ayant été en relation avec lui interpellées. Le terroriste qui a tué à coups de couteau deux jeunes femmes, dimanche, sur le parvis de la gare Saint-Charles à Marseille, est un ressortissant tunisien appelé Ahmed Hanachi. L’identité figurant sur le passeport qu’il avait présenté aux policiers qui l’avaient placé en garde à vue pour des faits de vols à l’étalage, vendredi, à Lyon, est bien la bonne. Si son identification a pris un peu de temps, c’est parce qu’aucun papier n’a été retrouvé sur lui. En comparant ses empreintes digitales avec le fichier national, les enquêteurs ont découvert que cet homme avait déjà été interpellé à « sept reprises depuis 2005 sous sept identités différentes » pour des faits de droit commun. Toutefois, aucun casier judiciaire n’était rattaché à ses différents alias. Comment l’expliquer? « Sans que cela soit très fréquent, c’est quelque chose que l’on retrouve régulièrement avec les délinquants d’habitude », reconnaît Jacky Coulon, secrétaire national de l’Union syndicale des magistrats. Lorsqu’une personne suspectée d’avoir commis un crime ou un délit est placée en garde à vue, « elle est signalisée, c’est-à-dire qu’elle est photographiée, et l’on prend ses mesures et ses empreintes », ajoute-t-il.
Une procédure rallongée
Les empreintes de l’individu sont alors transmises au Faed (fichier automatisé des empreintes digitales) « pour savoir s’il est connu sous d’autres identités », explique une source policière bien informée. « Si c’est le cas, on consulte, par exemple, le TAJ (traitement d’antécédents judiciaires) », un fichier qui regroupe des informations sur les personnes mises en cause dans des enquêtes ou sur des victimes d’infractions. Ensuite, le Faed fait parvenir aux enquêteurs « un rapport », qui est alors « intégré à la procédure ». Il n’est pas obligatoire, en France, de posséder une carte d’identité. Lors d’un placement en garde à vue, c’est le nom déclaré aux policiers qui sera indiqué dans la procédure. « Si, au cours d’une autre interpellation, il communique une identité différente, alors on se retrouve dans la même situation. Tant que son identité n’est pas confirmée, ça se passe comme ça », explique une autre source policière. C’est ainsi que l’on peut découvrir, au cours d’une enquête, qu’une personne mise en cause est déjà fichée sous d’autres noms. On dit alors qu’elle a plusieurs alias. « On rend compte de cela au parquet, mais elle ne va pas aller en prison parce qu’elle ne veut pas nous donner son identité. On n’a pas de moyen de coercition. »