20 Minutes

Plus haut, plus loin, plus d’or

La ministre Laura Flessel a fixé un objectif de 80 médailles pour la France lors des Jeux de Paris. Soit près de deux fois le total de Rio... «20 Minutes» a demandé à des acteurs du sport comment ils s’y prendraien­t pour y arriver.

- Nicolas Camus et Bertrand Volpilhac

Il reste encore sept ans avant que la flamme n’arrive à Paris. Mais l’équipe de France olympique, par le biais de la ministre des Sports Laura Flessel, s’est déjà fixé un objectif ambitieux pour les JO 2024 à Paris : 80 médailles, soit le double de la moisson habituelle de la délégation tricolore (voir l’infographi­e). En attendant

Jean-Claude Senaud, directeur technique national (DTN) du judo. « Ceux qui seront performant­s en 2024 ont, aujourd’hui, entre 16 et 23 ans. On les a tous dans nos structures. On va mettre en place un collectif restreint, d’une vingtaine de garçons et une vingtaine de filles. On laisse du monde de côté, mais le haut niveau demande des choix. On va tout miser sur eux, les accompagne­r avec des contrats d’insertion profession­nelle, les mettre dans les mains des meilleurs entraîneur­s, préparateu­rs physiques, leur prévoir des études aménagées. Le projet, c’est Paris 2024, Il faut mettre toutes les chances de notre côté. »

Stéphane Marcelin, directeur du haut niveau à la Fédération française d’escrime. « On se doit de mettre nos sportifs dans des conditions encore plus profession­nelles. Ça passe par des accords avec des entreprise­s françaises, qui sont prêtes à jouer le jeu. Par exemple, que les athlètes ne soient pas sollicités sur certaines périodes, que leurs revenus soient assurés pour faire face au quotidien. Thierry Braillard [ancien secrétaire d’Etat aux Sports] s’était étonné que certains n’aient que 600 € par mois pour vivre. Donnonsleu­r les moyens de se concentrer sur la performanc­e.»

Christophe Guénot, entraîneur national de lutte. « Notre stratégie est de sélectionn­er nos meilleurs éléments, afin de les emmener le plus possible à l’étranger. On est encore loin des meilleurs au niveau internatio­nal. Pour rattraper notre retard, pour les battre, il faut aller jouer les meilleurs chez eux. On va essayer de partir près de cent jours par an, pour faire des stages à Cuba, en Iran, en les conclusion­s du rapport de Claude Onesta, chargé de soumettre des propositio­ns sur les moyens d’y parvenir d’ici à la fin de l’année, 20 Minutes a interrogé des sportifs, ex-sportifs et dirigeants de tous horizons, pour dégager quelques pistes de réflexion. Entre détection et formation des jeunes, ouverture sur le monde ou améliorati­on des conditions de vie des sportifs, tour d’horizon des solutions envisagées pour parvenir à ce chiffre. Géorgie, en Arménie, en Turquie… Là où la lutte est un sport national. En lutte libre, on va les emmener en Tchétchéni­e. Là-bas, les gamins s’entraînent vraiment à la dure. Ils ont un mental supérieur à celui de nos gamins. On a aussi des enfants qui en sont originaire­s et qui sont devenus français. Ils peuvent aider à transmettr­e au groupe cette culture de la lutte. »

Renaud Longuèvre, ancien entraîneur national d’athlétisme. « Chaque spécialité peut apporter aux autres. Il faudrait regrouper, plusieurs fois dans l’année, des sportifs de tous horizons, dans des endroits où ils peuvent s’entraîner, échanger sur leurs méthodes, les faire rencontrer des psychologu­es, des spécialist­es du sommeil, des spécialist­es de la récupérati­on… Cela permettrai­t aussi de créer un esprit “équipe de France olympique”, que les gens ne se côtoient pas seulement tous les quatre ans aux JO. »

Laurent Tillie, sélectionn­eur de l’équipe de France de volley. « L’enjeu est dans la détection et la formation accélérée. On a une grande réunion avec les cadres techniques, pour essayer d’être très performant dans ces domaines-là. On n’a pas un vivier assez grand en volley par rapport aux grandes nations, il faut aller chercher des gabarits ailleurs. Ça commence par attirer vers le volley des jeunes qui ne pensent qu’au foot, au hand ou au basket, et leur montrer notre sport, leur donner du plaisir. Et ensuite, leur apprendre la rigueur et les surclasser pour les faire progresser. »

Bertrand Reynaud, DTN de hockey sur gazon. « Pour notre équipe féminine, nous irons chercher quelques joueuses à l’étranger. L’écart actuel entre notre équipe nationale et les meilleures autres nations est assez considérab­le. Il est très important pour nous que les JO ne soient pas une contre-publicité. On va donc aller chercher des joueuses à très fort potentiel, par exemple aux Pays-Bas, une nation qui peut aligner au moins deux ou trois équipes de niveau olympique. Le ministère est prêt à nous accompagne­r. »

Fabrice Jeannet, ex-champion olympique d’escrime. « On n’anticipe pas assez la suite. Personnell­ement, j’avais annoncé la fin de ma carrière [après les JO de 2008] de longue date, mais on n’a fait entrer personne dans le groupe pour prévoir la succession. Et à Londres, la catastroph­e avec zéro médaille. Au début, j’avais bénéficié de l’expérience des anciens, ça a une valeur inestimabl­e. C’est le meilleur moyen pour éviter des trous de génération et assurer la continuité des succès. Il faut un groupe d’entraîneme­nt large, hétérogène en âge, qui ne soit pas resserré sur certaines têtes d’affiche. »

Pierre-Henri Paillasson, DTN de la Fédération d’escalade. « On connaît déjà les jeunes que nous voulons préparer pour 2024, mais il nous manque des murs pour se mettre en condition olympique. On cible quelques villes où il y a déjà une dynamique escalade [Voiron, Aix-en-Provence, Fontainebl­eau] pour prendre vraiment ce virage olympique. On a dominé la discipline pendant des années, mais le niveau monte, notamment au Japon. Il nous faut mettre en oeuvre les moyens pour résister à la concurrenc­e. »

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 ??  ?? Médaillé d’argent en 2016, Kevin Mayer pourrait viser l’or en 2024, à 32 ans.
Médaillé d’argent en 2016, Kevin Mayer pourrait viser l’or en 2024, à 32 ans.
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