La police en pleine cogitation
La préfecture de police de Paris veut moderniser la gestion du maintien de l’ordre
Tirer les enseignements de chaque manifestation pour moderniser le maintien de l’ordre. Ainsi pourrait être résumé l’objectif de la cellule « Synapse », créée au mois de février par la préfecture de police de Paris. Ses six membres, accompagnés par des étudiants de Sciences Po, de Polytechnique et des cadres administratifs, passent au crible les différents rassemblements. « Pendant longtemps, on travaillait au jour le jour. Si une technique marchait, on la reproduisait. Dès qu’il y avait un échec, on arrêtait », explique le commissaire divisionnaire Alexis Marsan, adjoint au chef d’état-major de la Direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC). Cette réflexion globale autour de la doctrine du maintien de l’ordre doit permettre de faciliter le travail de terrain. Certains changements ont d’ores et déjà été amorcés. Désormais, les cortèges de tête, dans lesquels les Black Blocs remplacent souvent les leaders syndicaux, ne sont plus infiltrés par des policiers en civil. Trop dangereux. « Certains pourraient s’en prendre à des manifestants en pensant qu’ils sont policiers », remarque Alexis Marsan.
Des marqueurs chimiques ?
Autre changement, et non des moindres, les interpellations de masse, jugées peu efficaces en termes de judiciarisation, sont de plus en plus délaissées au profit d’enquêtes ciblées sur des manifestants repérés. La police scientifique est mise à contribution, notamment pour relever des empreintes. « Après avoir testé le “massif”, on va vers la pointe fine du diamant », résume le commissaire divisionnaire Marsan. La cellule, en contact avec ses homologues européens, réfléchit également à de nouveaux outils techniques pour assurer le maintien de l’ordre. Une réflexion sur les marqueurs chimiques a été lancée, mais pour l’heure la technologie n’est pas suffisamment au point et le cadre juridique inapproprié. De même, la préfecture réfléchit à l’utilisation de mégaphones très puissants ou de panneaux lumineux pour informer les manifestants pendant les défilés. Reste un élément essentiel mais impalpable : « Dans le maintien de l’ordre, il faut accepter une part d’incertitude et de hasard. Certains groupes sont irrationnels », explique le chef de la cellule, le commissaire Maxence Creusat.