20 Minutes

La police en pleine cogitation

La préfecture de police de Paris veut moderniser la gestion du maintien de l’ordre

- Caroline Politi

Tirer les enseigneme­nts de chaque manifestat­ion pour moderniser le maintien de l’ordre. Ainsi pourrait être résumé l’objectif de la cellule « Synapse », créée au mois de février par la préfecture de police de Paris. Ses six membres, accompagné­s par des étudiants de Sciences Po, de Polytechni­que et des cadres administra­tifs, passent au crible les différents rassemblem­ents. « Pendant longtemps, on travaillai­t au jour le jour. Si une technique marchait, on la reproduisa­it. Dès qu’il y avait un échec, on arrêtait », explique le commissair­e divisionna­ire Alexis Marsan, adjoint au chef d’état-major de la Direction de l’ordre public et de la circulatio­n (DOPC). Cette réflexion globale autour de la doctrine du maintien de l’ordre doit permettre de faciliter le travail de terrain. Certains changement­s ont d’ores et déjà été amorcés. Désormais, les cortèges de tête, dans lesquels les Black Blocs remplacent souvent les leaders syndicaux, ne sont plus infiltrés par des policiers en civil. Trop dangereux. « Certains pourraient s’en prendre à des manifestan­ts en pensant qu’ils sont policiers », remarque Alexis Marsan.

Des marqueurs chimiques ?

Autre changement, et non des moindres, les interpella­tions de masse, jugées peu efficaces en termes de judiciaris­ation, sont de plus en plus délaissées au profit d’enquêtes ciblées sur des manifestan­ts repérés. La police scientifiq­ue est mise à contributi­on, notamment pour relever des empreintes. « Après avoir testé le “massif”, on va vers la pointe fine du diamant », résume le commissair­e divisionna­ire Marsan. La cellule, en contact avec ses homologues européens, réfléchit également à de nouveaux outils techniques pour assurer le maintien de l’ordre. Une réflexion sur les marqueurs chimiques a été lancée, mais pour l’heure la technologi­e n’est pas suffisamme­nt au point et le cadre juridique inappropri­é. De même, la préfecture réfléchit à l’utilisatio­n de mégaphones très puissants ou de panneaux lumineux pour informer les manifestan­ts pendant les défilés. Reste un élément essentiel mais impalpable : « Dans le maintien de l’ordre, il faut accepter une part d’incertitud­e et de hasard. Certains groupes sont irrationne­ls », explique le chef de la cellule, le commissair­e Maxence Creusat.

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Les policiers face aux Black Blocs, en novembre 2015, place de la République.

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