Les jeux virtuels au-delà du réel
LOISIRS De plus en plus populaires en France, les fantasy league changent notre perception du sport
Qui dit lendemain de Ligue 1, dit résultats à Mon petit gazon. Ce jeu, sur Internet, passionne des milliers d’amateurs de foot chaque week-end de championnat. MPG, pour ceux qui n’ont jamais entendu parler de fantasy league, c’est un jeu virtuel qui vous permet d’affronter vos amis, vos collègues, via les performances réelles des joueurs. Né aux Etats-Unis avec le foot américain, le concept est en train d’exploser en France. Et de transformer petit à petit notre vision du sport. « A la télé, le Redzone [le multiplex NFL] est suivi, car on peut voir la performance de quasiment tous les joueurs en même temps, explique Vick, administrateur du compte Twitter NFL France. Dans les stades, il y a les stats fantasy sur les écrans géants. Cela a révolutionné le foot américain. » Ce n’est pas tout à fait pour rien que Mon petit gazon a choisi comme devise : « Le jeu qui rend Angers-Metz intéressant. » Même les personnes pas vraiment fans de foot s’intéressent à ce genre de match. « Beaucoup de gens nous disent que, grâce à MPG, ils suivent plus les matchs de L1, explique Martin Jaglin, cofondateur de Mon petit gazon. A l’inverse, certains nous appellent aussi pour se plaindre que sa moitié passe ses samedis soir devant des matchs pourris… »
« Putain, je suis addict »
Le problème, c’est qu’il peut y avoir une forme « d’aliénation et d’addiction, enchaîne Stéphane, qui participe à une fantasy league de cyclisme. Ça peut permettre aux béotiens de s’intéresser, mais ça fait aussi passer un cap dans la folie. » Jouer à une fantasy league, c’est aussi espérer le pire à l’équipe de votre coeur, car vous possédez l’attaquant du club adverse. Cela entre même dans le cerveau des vrais joueurs. Valentin Rongier, le milieu de Nantes, avouait récemment à MPG tenir une ligue dans le vestiaire de son équipe : « Ça m’est déjà arrivé d’y penser sur le terrain, quand on marque, et que j’ai le joueur, je me réjouis : “Allez, un but en plus”… Et là tu te dis : “Putain, je suis addict”. » Et ça va encore plus loin en NFL. Il y a quelques semaines, Richard Sherman, la star de la Ligue, s’était ému des questions sur la date de retour d’un de ses coéquipiers qui venait de se péter la jambe. Tout cela pour que les « propriétaires » dudit blessé sachent quoi faire dans leur équipe virtuelle. « J’ai l’impression que de plus en plus de gens ne nous regardent plus comme des êtres humains à cause de la fantasy, assurait Sherman. Vous vous dites : “Merde, ce type est blessé, mon équipe fantasy va en prendre un sacré coup”. »