Le témoignage de la mère entraîne de vives tensions
Zoulikha Aziri a été entendue mercredi lors d’une audience sous tension
Déjà, le 2 octobre, elle avait suscité l’indignation des familles des victimes. Appelée à la barre pour obtenir sa convocation, Zoulikha Aziri avait alors envoyé un baiser à son fils, Abdelkader Merah, accusé de « complicité d’assassinats ». Après deux semaines d’audience sans heurt majeur, l’audition de la mère des frères Merah a provoqué un tollé d’une rare violence. Tout aura été laborieux ce mercredi. Accompagnée d’une interprète, Zoulikha Aziri, 60 ans, a nié les faits reprochés à son fils, ses propres déclarations aux enquêteurs, les expertises des ingénieurs et les témoignages de ses enfants. « Abdelkader était-il violent ? » interroge le président. « Non, il a pas posé de problème », affirme sa mère, contredisant ainsi les rapports réalisés par les services de l’aide sociale à l’enfance au milieu des années 1990. « At-il subi l’influence salafiste de sa soeur Souad? » poursuit le président. « Non, c’est moi qui lui ai appris à faire la prière », assure Zoulikha Aziri. Le magistrat insiste, sans résultat.
Les avocats haussent le ton
L’échange est confus, la chronologie des faits piétinée. Frank Zientara, le président de la cour d’assises spéciale, aborde l’une des principales zones d’ombre de la procédure, après deux heures d’interrogatoire dans une salle comble. Les expertises ont révélé que le 4 mars 2012, tard, une connexion a été établie via la Freebox de Zoulikha Aziri, au moment où a été consultée l’annonce postée sur Le Bon Coin par le militaire assassiné, Imad Ibn Ziaten, permettant à Mohamed Merah de le cibler. Or les policiers n’ont jamais pu établir qui d’Abdelkader ou de Mohamed s’était connecté à cette annonce. « Qui était derrière votre Freebox ? » demande le président. « Y avait personne, j’étais seule, y avait personne ! (…) Peut-être ils se trompent, les techniciens », soutient-elle. C’est ce point précis qui déclenche l’esclandre. Mehana Mouhou, l’avocat de la famille Ibn Ziaten, somme Zoulikha Aziri de dire qui de ses fils s’est connecté depuis chez elle. L’avocat de la défense, Eric Dupond-Moretti, intervient : « Vous trouvez que c’est digne ? Elle n’est pas allée à l’école de toute sa vie ! » Mouhou sort de ses gonds : « Les familles attendent depuis cinq ans ! cinq ans ! » Puis vient la phrase de trop : « C’est la mère d’un accusé, certes, mais c’est aussi la mère d’un mort », lance Dupond-Moretti. Les parties civiles hurlent, le frère d’Imad Ibn Ziaten se lève, lâche un « Taisezvous ! » d’une voix brisée et s’effondre en larmes. Le président tente d’apaiser les débats, en vain.