20 Minutes

Un long chemin de croix

Les emplacemen­ts libres se font rares dans Paris intra-muros

- Antoine Irrien

Al’approche de la Toussaint, c’est une question que certains se posent : où se faire enterrer ? Si généraleme­nt le choix se porte sur son lieu de résidence ou d’origine, les Parisiens n’ont pas toujours cette possibilit­é. Au PèreLachai­se ou dans les cimetières de Montparnas­se ou de Montmartre, dans lesquels reposent de grands noms,les places sont coûteuses et plutôt rares. Pour pouvoir être enterré au coeur de la capitale, les critères sont identiques à ceux de n’importe quelle autre ville : y habiter, y mourir ou détenir un caveau familial dans un cimetière de la ville. Aujourd’hui, on dénombre vingt cimetières à Paris, dont six à l’intérieur de la ville. Les autres sont en petite couronne. Mais trouver une place disponible dans un de ces lieux est devenu quasiment mission impossible. « Du jamais-vu », assure un marbrier du 15e arrondisse­ment.

Très chère sépulture

Avant l’achat de la tombe, posséder un emplacemen­t dans un cimetière à Paris occasionne un coût. A titre d’exemple, en 2015, il fallait compter pas moins de 15000 € pour une perpétuell­e (conservée aussi longtemps que la famille le souhaite). Devant un tel tarif, les cimetières de banlieue (Saint-Ouen, Bagneux, La Chapelle, Ivry...) sont convoités par les familles et les proches des défunts. En plus de pouvoir répondre à la demande, les prix des concession­s sont inférieurs de moitié à ceux des cimetières intramuros. Thiais et Pantin sont les cimetières les moins chers de Paris. Une concession perpétuell­e est estimée à 3 739 €, compter 218 € pour une temporaire. « Nous sommes en train de mourir, confie un gérant de pompes funèbres parisien. Selon la mairie, les cimetières sont complets alors qu’en réalité on trouve toujours une concession à reprendre. » Mais c’est probableme­nt la procédure qui refroidit les intéressés : il faut au moins quinze ans pour reprendre une concession abandonnée ou échue (non renouvelée). « La politique de Paris vise clairement à envoyer les gens vers les cimetières de banlieue afin de désengorge­r ceux implantés intra-muros », poursuit le marbrier. « En vingt-huit ans de métier, je n’ai vendu que quatre ou cinq concession­s intra-muros », précise le gérant des pompes funèbres Allouche, dans le 11e arrondisse­ment. A Paris, contrairem­ent à la majorité des cimetières, il est impossible de réserver un terrain. « Les cimetières dans Paris intra-muros ne proposent que des concession­s perpétuell­es, avec obligation de prendre un caveau », assure le gérant des pompes funèbres.

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Il faut compter quinze ans pour reprendre une concession abandonnée.

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