Un long chemin de croix
Les emplacements libres se font rares dans Paris intra-muros
Al’approche de la Toussaint, c’est une question que certains se posent : où se faire enterrer ? Si généralement le choix se porte sur son lieu de résidence ou d’origine, les Parisiens n’ont pas toujours cette possibilité. Au PèreLachaise ou dans les cimetières de Montparnasse ou de Montmartre, dans lesquels reposent de grands noms,les places sont coûteuses et plutôt rares. Pour pouvoir être enterré au coeur de la capitale, les critères sont identiques à ceux de n’importe quelle autre ville : y habiter, y mourir ou détenir un caveau familial dans un cimetière de la ville. Aujourd’hui, on dénombre vingt cimetières à Paris, dont six à l’intérieur de la ville. Les autres sont en petite couronne. Mais trouver une place disponible dans un de ces lieux est devenu quasiment mission impossible. « Du jamais-vu », assure un marbrier du 15e arrondissement.
Très chère sépulture
Avant l’achat de la tombe, posséder un emplacement dans un cimetière à Paris occasionne un coût. A titre d’exemple, en 2015, il fallait compter pas moins de 15000 € pour une perpétuelle (conservée aussi longtemps que la famille le souhaite). Devant un tel tarif, les cimetières de banlieue (Saint-Ouen, Bagneux, La Chapelle, Ivry...) sont convoités par les familles et les proches des défunts. En plus de pouvoir répondre à la demande, les prix des concessions sont inférieurs de moitié à ceux des cimetières intramuros. Thiais et Pantin sont les cimetières les moins chers de Paris. Une concession perpétuelle est estimée à 3 739 €, compter 218 € pour une temporaire. « Nous sommes en train de mourir, confie un gérant de pompes funèbres parisien. Selon la mairie, les cimetières sont complets alors qu’en réalité on trouve toujours une concession à reprendre. » Mais c’est probablement la procédure qui refroidit les intéressés : il faut au moins quinze ans pour reprendre une concession abandonnée ou échue (non renouvelée). « La politique de Paris vise clairement à envoyer les gens vers les cimetières de banlieue afin de désengorger ceux implantés intra-muros », poursuit le marbrier. « En vingt-huit ans de métier, je n’ai vendu que quatre ou cinq concessions intra-muros », précise le gérant des pompes funèbres Allouche, dans le 11e arrondissement. A Paris, contrairement à la majorité des cimetières, il est impossible de réserver un terrain. « Les cimetières dans Paris intra-muros ne proposent que des concessions perpétuelles, avec obligation de prendre un caveau », assure le gérant des pompes funèbres.