Coupable mais pas complice
Le frère de Mohamed Merah a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour association de malfaiteurs terroriste. En revanche, il n’a pas été reconnu complice des sept assassinats perpétrés en 2012.
L’attente aura duré près de huit heures. Huit heures de débat entre les cinq magistrats de la cour d’assises spécialement composée de Paris, chargée de juger Abdelkader Merah et Fettah Malki. Après la lecture détaillée des motivations retenues par la cour, le président Franck Zientara a annoncé un verdict en demi-teinte. Abdelkader Merah a été reconnu coupable, jeudi, « d’association de malfaiteurs terroriste criminelle » et condamné à une peine de vingt ans de réclusion assortie d’une période de sûreté des deux tiers. Il s’agit de la peine maximum encourue pour cette infraction criminelle. En revanche, il a été acquitté pour les faits de « complicité d’assassinats ». Son coaccusé, Fettah Malki, a été reconnu coupable de tous les faits qui lui étaient reprochés. Il a été condamné à une peine de quatorze ans de réclusion criminelle assortie d’une période de sûreté aux deux tiers.
Dupond-Moretti sifflé
Les mères de deux militaires tués, Mohamed Legouad et Imad Ibn Ziaten, se sont enlacées. Latifa Ibn Ziaten a dénoncé « la naïveté » des juges : « Il a aidé son frère (…) Dans quinze ans, il sera dans la rue et sera un danger pour nos jeunes. Il fera des dégâts. » L’avocat d’Abdelkader Merah, Eric DupondMoretti, dont la sortie remarquée a provoqué des sifflements, a annoncé qu’il envisageait de faire appel, comme les avocats de Fettah Malki. La cour a estimé que la participation au vol du scooter T-Max, l’adhésion « intellectuelle » et « idéologique » aux thèses islamistes radicales, la découverte des fichiers audio djihadistes et « l’adhésion de principe au projet de son frère » permettaient de caractériser l’association de malfaiteurs terroriste criminelle. En revanche, le président a souligné qu’aucune preuve matérielle ne permettait de relier Abdelkader Merah à la commission des assassinats de Toulouse et Montauban. « Mohamed Merah a toujours été seul dans la réalisation de ses crimes », a conclu Franck Zientara. L’audience est venue clore cinq semaines d’un procès douloureux. Le poids accordé à l’opinion publique et l’émotion des familles des victimes augurent de ce que seront les prochains grands procès terroristes français.