Un organe géant pour s’informer
Une installation déployée mercredi à Massy sensibilise au cancer de la prostate
Qu’est-ce que la prostate ? « Je ne sais pas trop », concède Marc, 32 ans. Devant lui, sur la place Saint-Sulpice à Paris (6e), une structure gonflable rose de 3 m de haut et 5 m de long. Des badauds y opèrent des allers-retours. Heureusement pour lui, renseigner sur cet organe c’est la démarche du Prostate Tour. Il a fait étape fin octobre dans la capitale et sera mercredi à Massy (Essonne), toujours avec cet « outil pédagogique et anti-tabou », soulignent les organisateurs. « C’est étroit », s’exclame un homme en entamant son exploration. Valérie Perruchot est directrice de la communication du laboratoire pharmaceutique Janssen qui organise l’événement. Elle assure : « En se baladant dans cette prostate, on comprend mieux cette zone méconnue. » Elle reprend : « Il y a également des croyances, des tabous et des idées préconçues » sur ce sujet. Notamment la fin des rapports et de l’érection, en cas de cancer. « C’est faux, même avec une ablation de cet organe on peut continuer à avoir une vie sexuelle », précise-t-elle.
Une symbolique très forte
Beaucoup d’hommes de plus de 50 ans déambulent dans ce petit village pour se renseigner sur ce cancer masculin, ses conséquences, tout en appréhendant leur corps et ce « rite de passage » du toucher rectal. « Pour certains, c’est comme aller à l’abattoir. La symbolique de la prostate est très forte », analyse le docteur Pierre Bondil, urologue et andrologue à Chambéry. Le vrai tabou ne se situerait-il pas ailleurs ? Car avant d’éventuellement se dégrader en cancer, la prostate peut procurer du plaisir sexuel. « Du plaisir via la prostate, je ne savais pas », s’étonne Marc. « Je n’en avais jamais entendu parler, mais expliquez-moi, ça m’intéresse », rigole Valérie Perruchot. « C’est souvent pratiqué chez les homosexuels. Posez-leur la question, ils vous répondront mieux que moi », tranche, gêné, le docteur Pierre Bondil. Pourtant tous les hommes sont éligibles à ce plaisir. « Il y a beaucoup d’hommes qui aiment les toucher rectaux, dans un cadre sexuel, mais ils n’en parlent pas », lance une quinquagénaire, près du stand cancer et sexualité. « Je ne sais pas si c’est nécessaire de s’attarder sur le plaisir prostatique, car on a déjà un orgasme au niveau du gland », analyse Eric, 27 ans, ostéopathe. Claudia, 20 ans, étudiante en sociologie, conclut : « Peut-être que dans dix ans tous les hommes seront à l’aise avec leur prostate. Mais ce n’est pas encore le cas. Alors, parlons-en. » Lire aussi les pages 12 et 13